Cyberpunk 2077, après 2 ans
Annoncé en grande pompe et espoir d’une référence véritablement solide pour l’une des catégories d’univers de science-fiction les plus alléchantes, Cyberpunk 2077 s’était vite dégonflé lors de sa sortie marquée le 10 décembre 2020. Crashs intempestifs, optimisation aux fraises, versions Xbox One et PlayStation 4 injouables, nous n’allons pas remémorer une énième fois le désastre de la sortie de ce jeu, qui fut l’un des plus attendus de son temps, pour finalement devenir l’un des plus haïs par les joueurs. CD Projekt Red avait même été jusqu’à rembourser les clients les plus mécontents, car finalement, les versions old-gen étaient à la limite de l’arnaque.
Mais comme il est de bon ton dans la vie, il est possible de pardonner aux erreurs commises tant qu’une remise en question de bonne foi est mise sur la table. D’entrée, louons à CD Projekt Red de n’avoir jamais lâché le morceau en proposant encore jusqu’à aujourd’hui, des correctifs conséquents pour améliorer l’expérience de jeu et passer l’éponge sur ses erreurs passées.
N’ayant découvert Cyberpunk 2077 qu’en 2023, je peux d’ores et déjà vous dire que je n’ai pas découvert le désastre technique tel qu’il m’avait été présenté deux ans plus tôt. Pourtant, sans faire durer le suspense, l’expérience fut loin de ce à quoi j’espérais, et cela indépendamment des raccourcis liés à l’aspect technique évoqué précédemment. Ce critère ne viendra en aucun cas influencer ce qui va suivre ni la note finale, voyons plutôt ce que ce jeu a à apporter par ailleurs.
J’étais quelque peu enjoué, il est vrai, d’enfin mettre la main sur Cyberpunk 2077. Après tout, il est venu comme la tête de proue de l’un des univers que je préfère, la science-fiction, et le tout surmonté d’un genre bien particulier du jeu vidéo que j’apprécie lui aussi tout autant, le FPS action-rpg. Une niche recelant de trésors ! Alors, qu’est-ce qui pouvait bien arriver ?
Lorsque l’on sait à quel point cette catégorie de jeu vidéo est exigeante pour les studios, devant mettre d’équerre un univers open world vivant, un background solide, un gameplay varié avec des phases d’explorations, d’infiltrations, de courses, de combats avec des armes des pouvoirs, autant de mécaniques complexes à gérer et une progression d’un personnage aux aspects RPG, le tout est loin d’être donné à tout le monde. La clé ? Ne pas s’éparpiller ! CD Projekt avait tout pour faire un véritable monstre, à la Morrowind, mais en immersion dans un univers Cyberpunk, et même de l’univers Cyberpunk avec un grand U grâce à ses quelque 328 millions de dollars de budget. J’ai été en retour quelque peu… frappé d’une sensation de vide.
Le cas classique des yeux plus gros que le ventre
Passé la longue introduction, j’ai été frappé par la sensation de voyager dans un gros décor, avec une mise en scène, mais aucune réelle interaction. Je me suis vite rendu à l’évidence de la linéarité du titre. Je m’ennuyais ferme, un openworld parmi d’autres. Car si vous attendiez une révolution RPG, passez votre chemin. Cyberpunk 2077 n’est ni un RPG, ni même ce GTA-like espéré, et pourtant ce sont sur ces cordes-là qu’il avait été présenté. Sans prétendre à concurrencer Rockstar Game, nous nous retrouvons avec un titre aux ambitions typiquement démesurées, puisque Night City, en apparence vivante, est un open world indubitablement vide à mes yeux. Communication avec des PNJ insipides, liberté d’action limitée, bâtiments pour la plupart clos, système de quêtes peu développé, véhicules et cryptage des déplacements plus que hasardeux, le jeu a clairement été vu trop grand pour ce qu’il était en mesure d’offrir.
Pourtant, certaines mécaniques RPG avaient bien été intégrées, et de bonnes idées aussi. Possibilité de choisir entre trois backgrounds différents, dialogues à choix, qui se révèlent finalement d’une inutilité comme le reste, car n’ayant aucun impact presque 100% des cas, autre qu’une ligne de dialogue supplémentaire ! Seuls les arbres de talents ont le mérite d’approfondir un peu l’expérience, et de contribuer à l’idée d’évoluer dans une société à la technologie évoluée, mais décadente, en permettant de se spécialiser en piratage par exemple, un aspect très présent dans le titre.
Hormis cela, même le système d’équipement est lourd au possible, brouillon, comme les affrontements qui ont été pour moi une vraie purge. L’inventaire et les loots ne donnent pas cette sensation de récompense et de rareté. Il y a des tonnes d’objets qui ne servent tout bonnement à rien, saupoudrés d’une interface confuse qui relève de l’usine à gaz, sans compter cet HUD tellement chargé qu’il en vient à faire douter parfois, entre les informations réellement utiles et celles qui relèvent de la déco.
Car ceux qui encensent le titre au seul critère de ses graphismes, pour peu qu’ils brillent bien en Ultra, sont à mettre dans le même panier que les autres qui le descendent sur le seul plan technique. Oui, le jeu est beau, mais cela ne va pas plus loin. Je dirais simplement qu’il est sympa. Pas moche, mais ce n’est pas l’extase non plus. Un GTA V faisait déjà presque aussi bien, dix ans avant. Simplement, le côté novateur de Cyberpunk 2077, qui fut la première grosse pointure à mettre en scène le cyberpunk dans un triple AAA, a très certainement influencé l’avis des joueurs sur leur jugement quant à l’apparence graphique de Night City.
Un gameplay oublié au profit du lore
Aussi, pourquoi aussi peu de personnes parlent du fait que la maniabilité des véhicules est absolument affreuse ? Le tout donne la sensation de piloter un savon, c’est indigne d’un triple AAA. Et puisque nous parlons de sensations, quel manquement aussi au niveau de celles-ci, lors des affrontements en mode FPS. Aucun recul sur les armes, combats brouillons, physique sans aucun sens, et IA toute plate. On a vu pire, mais bon sang, qu’est-ce que c’est mou, sans reliefs, nous sommes à des années-lumière d’un autre action-RPG qui lui est fantastique, Prey, et qui n’a pourtant pas eu cette publicité, alors que c’est au minimum ce qu’aurait dû être Cyberpunk 2077 en termes de gameplay !
J’en viens encore à constater que cette tendance à vendre l’image avant même de construire un véritable gameplay, avec des sensations, soit l’essence même d’un jeu vidéo. Une épidémie.
En outre, comment a‑t-il été possible d’ailleurs de pondre un tel jeu avec des OST aussi peu marquantes. Le registre Cyberpunk, dispose pourtant d’une force incroyable et d’un potentiel monstre en termes de Hit musicaux, des groupes de Synthwave comme The Midnight et même la moindre Mixtape amateur arrive parfois à faire bien mieux que ça. C’est simple, je suis bien incapable de ressortir une musique du jeu.
Un sentiment de gâchis
Difficile pour moi de trouver du positif dans Cyberpunk 2077, pour ses manquements évidents, et la sensation d’inachevé sur ce qu’aurait pu être, et même aurait dû être ce jeu. Le pire, c’est que la narration est bonne, et les dialogues de bonnes factures. Le titre ne prend pas le joueur pour un demeuré et le balance directement dans le bain de cet univers riche, avec ses lois, ses règles et ses acteurs. Le tout ne fait que renforcer le sentiment de gâchis, et nous rappeler qu’au fond, nous sentons bien que les équipes voulaient faire un bon jeu, qu’ils ont fait « ce qu’ils ont pu » pour tenir la barque, avec leurs contraintes, mais qui se sont quand même perdus sur la route.
Cyberpunk 2077 a été testé grâce à une clef envoyée par les développeurs