orgasme chuck palahniuk

Orgasme, Chuck Palahniuk – éd. Point

Orgasme de Chuck Palahniuk, une belle découverte ?

Ce livre écrit par Chuck Palah­niuk l’au­teur de Fight Club m’a été offert pour mon anniver­saire. À la lec­ture de la 4e de cou­ver­ture, j’ai été rapi­de­ment ent­hou­si­as­mée par le synopsis.

Une avo­cate en devenir qui fait les frais d’une rude exis­tence à New York et qui du jour au lende­main, à la suite de sa ren­con­tre avec le richissime Maxwell, devient une princesse, mais aus­si le cobaye d’ex­péri­ences sex­uelles ? Surprenant.

Mal­heureuse­ment, la suite est quelque peu décevante.

Maxwell, mil­liar­daire froid et dis­tant, œuvre pour éla­bor­er des sex­toys en vue de rem­plac­er les hommes. Il choisit la jeune Pen­ny comme cobaye. Ses anci­ennes con­quêtes tant mul­ti­ples que célèbres (une actrice française, la prési­dence des États-Unis) ont toutes été rav­agées par leur rup­ture avec Max. “Le meilleur amant qu’elles aient con­nu”. Le lecteur apprend vite que chaque rela­tion ne dure que cent trente-six jours. Il s’avér­era que c’é­tait pile le nom­bre de jours que sa rela­tion avait duré avec l’amour de sa vie : son ex-femme est décédée à la suite d’une allergie aux fruits de mer.

Je vous passe le pre­mier tiers du livre qui racon­te les mul­ti­ples orgasmes dus aux dif­férents jou­jous, pro­duits testés sur Pen­ny. De longues descrip­tions, que ce soit de l’anatomie de la jeune fille, ou de la réponse de son corps à ces stimuli…

Si l’on con­sid­ère cet ouvrage comme éro­tique, l’ef­fet pro­duit à la lec­ture de ces pages est plutôt amu­sant, sans plus. Les inven­tions sont plus what the fuck les unes que les autres, on peut féliciter l’au­teur pour ses idées far­felues, ok.

Donc, après avoir testé pen­dant cent trente-six jours, tel un sci­en­tifique assidu, ses nou­velles inven­tions sur Pen­ny, Maxwell ren­ver­ra sa dul­cinée chez elle, avec une belle somme d’ar­gent pour acheter son silence, un rubis autour du cou et un sex­toys en forme de libel­lule qui se cassera à la pre­mière util­i­sa­tion en libérant une sorte de robot qui per­met à Maxwell de con­trôler Pen­ny à distance.

Quelques jours plus tard, est lancée la gamme Beau­ti­ful You, com­posée d’ac­ces­soires éro­tiques tous les uns plus per­fec­tion­nés que les autres et qui con­naîtront un immense suc­cès dans la gent fémi­nine. La libel­lule, pro­duit phare, se bris­era dans chaque vagin de son util­isatrice, libérant une puce ser­vant à con­trôler toutes les femmes du monde : d’une sim­ple pres­sion sur sa télé­com­mande, Maxwell peut ain­si con­trôler les pul­sions d’achats, les envies de nour­ri­t­ure, ou encore de sexe, de ses utilisatrices.

Je vous avoue que c’est la seule idée “morale” du livre qui m’a plu. En effet, je me suis déjà posée la ques­tion suiv­ante : qu’ad­viendrait-il de l’hu­man­ité si par exem­ple on décidait de droguer les femmes avec la pilule con­tra­cep­tive, pour les contrôler…

Au bout de quelques jours, toutes les femmes de la planète quit­tent leur tra­vail, leur famille et se clochardis­ent pour s’of­frir des plaisirs soli­taires. Bon, c’é­tait mar­rant jusqu’i­ci. Pen­ny, seule femme encore lucide de cette planète ten­tera en dernier recours d’aller chercher les con­seils de Baba au Népal, prêtresse ermite du sexe et men­tor de Maxwell (ce fut elle qui lui a tout appris), pour sauver l’hu­man­ité de ce désas­tre, désas­tre où les femmes passent leur temps à se tripot­er et où les hommes autodaf­fent les sextoys.

Plus tard Pen­ny revient à New York et intente un procès con­tre Maxwell qui se sol­dera en échec. (Max fai­sait jou­jou avec la télé­com­mande à orgasme, et Pen­ny, de ce fait, n’a pas pu assur­er son témoignage).

Ouah, il ne reste que 20 pages à lire, le sus­pens est à son parox­ysme. Voilà Pen­ny en robe de mar­iée, sa famille est présente à son mariage. Sa mère lui glisse dis­crète­ment une coupure du Nation­al Enquir­er où l’on appren­dre que Max tra­vail­lait sur des pro­to­types utérins qui per­me­t­traient de clon­er les indi­vidus. Au pied de l’au­tel, la vieille Baba, tel un deus ex machi­na fait son appari­tion et somme Max de révéler son secret. Celui-ci, mortelle­ment blessé par un sex­toys enflam­mé le lui révélera : Pen­ny est en fait un clone de sa femme décédée. Maxwell, lors d’une ren­con­tre avec la mère de Pen­ny (qui ne pou­vait pas avoir d’en­fant et qui lui a fait part de son ter­ri­ble fardeau) a cloné en elle, son ex-femme. 9 mois plus tard, Pen­ny est née…

Le livre s’achève sur la note suiv­ante, Pen­ny reprend le flam­beau de la vielle Baba et part s’in­staller au Népal, aspi­rant devenir la nou­velle prêtresse du sexe. Mais la vie d’er­mite est peu pas­sion­nante, surtout après avoir vécu une vie pleine d’or­gasmes : heureuse­ment elle a gardé la télé­com­mande de Maxwell et peut con­tin­uer à s’amuser.

En somme, dès les deux tiers du livre c’est tout bon­nement what the fuck. Entre la vieille Baba qui se mas­turbe avec le doigt de sa mère et qui peut lire en les gens, grâce à leurs sécré­tions, cette his­toire de Maxwell et sa femme qui aurait pu être touchante, mais qui est ridicule, cette Pen­ny qui au début de l’ou­vrage paraît sym­pa­thique, mais qui se révèle être un peu débile ou ces femmes, dia­mant aux oreilles, qui vendent leur corps pour quelques piles pour faire marcher leur produit…

Mais je n’ai pas accroché au style de l’au­teur, ses ellipses sont mal gérées, sa prosodie fade et à part la volon­té d’écrire une his­toire tirée par les cheveux pour éventuelle­ment faire mar­rer les quelques lecteurs férus d’his­toire what the fuck, je ne vois pas l’in­térêt de ce livre.

Soit, je ne suis pas bon pub­lic, soit ce livre n’est claire­ment pas un chef-d’œu­vre. Je ne vais pas dire qu’il est mau­vais, ça se laisse lire… Tout au plus une adap­ta­tion ciné­matographique serait appré­cia­ble, vous savez ce type de film que l’on regarde avec les copains en soirée, après deux-trois ver­res, pour déconner…

Les +

  • ça se laisse lire, ça fait pass­er le temps,
  • les far­felus sex­toys et leur description
  • le livre est presque amusant

Les –

  • l’au­teur passe trop vite d’une idée à l’autre
  • une his­toire tirée par les cheveux

Extrait

« Tu n’es pas au courant ? hurla Monique. Les hommes sont devenus obsolètes ! » 
La phrase lui val­ut quelques applaud­isse­ments de la part des femmes autour d’elle.
Monique s’adressa à elles. « Tout ce qu’un homme peut me faire, je peux le faire aus­si, mais en mieux ! » 
Elle claqua des doigts d’un air méprisant, en faisant briller les cristaux col­lés sur ses ongles.

« J’ai appris com­ment sat­is­faire n’importe quelle femme », reprit-il sur un ton neu­tre. Il ne frimait pas, en tout cas pas inten­tion­nelle­ment. « Jeune ou vieille. Grosse ou mince. De n’importe quelle orig­ine. De n’importe quelle cul­ture. Avec autant de rapid­ité que d’efficacité, je peux emmen­er n’importe quelle femme à des niveaux de jouis­sance supérieurs à tout ce qu’elle a jamais pu imaginer. »
Il repor­ta son atten­tion sur son ordi­na­teur. « J’ai réu­ni des don­nées sur les réac­tions sex­uelles des lycéennes, des étu­di­antes, des jeunes femmes actives. J’ai étudié les strat­a­gèmes éro­tiques des pros­ti­tuées des tem­ples du Tad­jik­istan… des sex­o­logues alle­man­des… des danseuses du ven­tre soufies. Les femmes dont tu as enten­du par­ler, les rich­es et les puis­santes, ne sont que la pointe émergée de mon ice­berg sex­uel. À l’époque où j’ai couché avec elles, je con­nais­sais déjà par cœur mille façons de pro­cur­er du plaisir.

Note globale du roman Orgasme

 

Se laisse lire, mais vrai­ment sans plus…

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