Après Arcanum : de Steamworks et Magick Obscura, écoulé à près de 235 000 exemplaires et qui fait partie des meilleurs RPG PC de tous les temps , suivi du Temple du Mal élémentaire qui a tout de même réuni 130 000 adeptes, aujourd’hui nous allons nous intéresser à l’ultime création de feu Troïka Games : Vampire The Masquerade : Bloodlines. À l’époque, seules 70 000 copies avaient été vendues…
Inspiré au même titre que son prédécesseur Vampire : La Mascarade – Rédemption, du jeu de rôle papier White Wolf, Vampire The Masquerade : Bloodlines a su tout de même convaincre la communauté lors de son réupload sur Steam. Si un remake était prévu sous forme de MMORPG, les développeurs travaillant sur le projet se sont malheureusement heurtés aux droits d’auteur, ainsi le titre n’est jamais paru.
Aujourd’hui, les fanatiques de la licence trépignent d’impatience puisqu’un second volet est à paraître pour l’année 2021.
Mais comme il reste encore quelques mois à attendre, (Édit : nous sommes en 2023, et le second volet se fait toujours aussi désirer…) Culture Underground a voulu réveiller en vous la part de nostalgie qui sommeille et titiller les vocations en testant le très culte Vampire The Masquerade : Bloodlines.
Un action-RPG où la folie et le gore se mêlent à la décadence
Pour situer brièvement le contexte du jeu, dans Vampire The Masquerade : Bloodlines, les festivités prennent place à Los Angeles, au XXIe siècle où vous, vampire, êtes missionné par le prince Lacroix, chef de la Camarilla, pour enquêter sur un mystérieux sarcophage dont, selon la rumeur, le contenu pourrait présenter un réel danger pour l’avenir des vampires.

Une petite visite de courtoisie au prince Lacroix.
La Camarilla est une sorte d’organisation interne qui veille au bon respect de la Mascarade, un système de loi qui prescrit aux vampires de montrer leurs pouvoirs, de s’abreuver à la vue de tous de sang et qui interdit le meurtre des humains. Sa légitimité est régulièrement remise en cause par les Anarch’ dont vous croiserez les membres au long de votre périple et par la secte du Sabbat. Quel que soit votre avis sur ce système de loi, vous vous devez de respecter la Mascarade, sous peine de perdre tous vos points et avoir un game over.

Ça ne rigole pas trop au QG du Sabbat, qu’on se le dise !
Un vampire, tu seras
Vampire The Masquerade : Bloodlines, ne dérogeant pas à la règle, avant d’aller apaiser votre soif de sang, il faut tout d’abord déterminer l’essence de votre personnage en remplissant en bonne et due forme sa fiche. Pour cela, deux possibilités s’offrent à vous : soit laisser le jeu vous guider en répondant à quelques questions, ce qui ma foi, est plutôt RP, soit partir de zéro et faire selon votre inspiration. Question classes, ou plutôt clans, vous avez l’embarras du choix : Brujah, Gangrel, Malkavien, Nosferatu, Toréador, Tremere et Ventrue. Certaines castes de vampires étant plus portées sur le corps à corps, d’autres sur les pouvoirs vampiriques. À noter que la sélection de la classe vous ouvre des disciplines particulières et a tendance à influencer votre expérience de jeu. Un tremere est le seul qui puisse maîtriser la thaumaturgie avec des sorts plutôt OP comme la projection de sang, le bouclier de sang ou encore le chaudron de sang qui fait exploser les victimes, ragoutant ! Les ventrues, quant à eux, sont des vampires de haute lignée et ne peuvent consommer le sang des sans-abri, des prostituées ni celui des rats. Or, parfois c’est la seule nourriture que l’on puisse se mettre sous la dent !

Les disciplines dépendent de la caste de vampires que vous incarnez.
Bref, vous l’aurez compris, la diversité de création du personnage est le maître-mot de Vampire The Masquerade : Bloodlines. Concernant les attributs et les talents, il faut noter que les premiers influencent les seconds et orientent votre manière d’appréhender les ennemis, mais aussi les missions. Vampire The Masquerade : Bloodlines étant certes un action-RPG, mais un RPG quand même, des compétences comme le piratage, la persuasion ou la séduction peuvent faciliter votre avancée.

Monter la persuasion, l’intimidation ou la séduction permet de débloquer des lignes de dialogue supplémentaires, respectivement en bleu, vert, ou rose.
Néanmoins, les combats sont dans la plupart du temps inévitables. Aussi, et ce qui fait la particularité du titre, c’est qu’il n’y a pas à proprement parler de montée de niveau. Chaque mission vous apporte des points d’expérience que vous pouvez répartir dans les différentes spécialités, y compris rajouter des points d’humanité. Mais à quoi donc sert cette humanité ? vous direz-vous. Eh bien, tout simplement à ne pas rentrer trop souvent en frénésie, une frénésie qui a tendance à créer des situations fâcheuses. Moins vous avez d’humanité, plus vous rentrerez souvent en frénésie, et vice versa.

Mon dîner de ce soir.
Explication : par situation fâcheuse, il faut comprendre, la perte de contrôle du personnage qui le pousse à croquer dans tout ce qui se trouve sur son chemin pour contenter sa soif de sang, et ce, aussi bien en présence des Angelenos que de la police. Si un agent a le malheur d’être témoin de la scène, une brigade se lancera à votre poursuite, et après c’est un peu comme dans GTA, il faut se planquer, le temps de se faire oublier. Toutefois, l’IA de la police étant très limitée, 10 secondes derrière une poubelle devraient suffire. Hormis cela, les conséquences de la frénésie sont la perte de points de Mascarade (puisque vous révélez au monde que vous êtes un vampire), mais également de gain de force, dextérité et vigueur ce qui rend la frénésie intéressante lorsqu’elle se déclenche en combat. À double tranchant donc, à vous de voir si vous voulez l’exploiter en conservant votre humanité ou non.
Jamais sans ma poche de sang
Si Vampire The Masquerade : Bloodlines excelle ce n’est pas tant par la qualité des combats, puisque la plupart des boss sont faciles à tomber si tant est que l’on soit un minimum préparé. En effet, durant vos pérégrinations, il demeure assez accessible de régénérer des points de vie en vous nourrissant – parfois de rats. Il en est de même pour la barre des sorts qui, utilisés en soutien, permettent de vous sortir de situations périlleuses ou de temporiser en bourinant au corps à corps. Au pire, il est toujours possible d’acheter quelques poches de sang, bien que peu généreuses en régénération, permettent de tenir le coup jusqu’à ce qu’une proie croise notre chemin. Vampire The Masquerade : Bloodlines ne fait pas dans la finesse et ce serait mentir que d’affirmer le contraire. Il y a également la possibilité d’utiliser des armes à feu, néanmoins les munitions sont plutôt rares et coûteuses. Et l’argent ne tombe pas du ciel.

Une nuit au musée.
Pour espérer gagner quelques deniers à dépenser au marché noir en armes, livres ou vêtements, il faut faire le larbin. Parmi les quêtes secondaires, il y a de tout. Certaines se limitent d’aller d’un point A à un point B pour chercher tel ou tel objet ou encore tuer purement et simplement quelqu’un. Néanmoins, il faut tout de même remarquer que même dans les missions les plus linéaires, on retrouve le côté décalé de Vampire The Masquerade : Bloodlines qui allie le gore à la décadence. Aller chercher l’œil d’un défunt dans la chambre froide d’une restaurant de nouilles, tuer une strip-teaseuse, affronter un vampire asiatique avec une grosse arbalète, buter un simple humain qui prépare un film sur les vampires, affronter une horde de zombis qui ont envie de prendre l’air en dehors du cimetière pendant que le fossoyeur va voir sa go, etc.

Vampire The Masquerade : Bloodlines est réputé pour son lot de bugs dont certains sont assez poilants. Voici un rat lévitant dans le décor.
De plus, bon nombre de quêtes secondaires intègrent des éléments d’infiltration où il faut faire preuve de jugeote et de patience. Si on pense à maximiser la furtivité, il suffit de se placer derrière un ennemi pour lui asséner un coup fatal. Le piratage ou le crochetage permettent de prendre des raccourcis et éviter ainsi un potentiel côté répétitif qui consisterait à bouriner tout ce qui bouge histoire d’avancer. Une manière comme une autre de survivre à Los Angeles ! Cette inspiration du gameplay d’un jeu d’infiltration ajoute une petite touche de piment à Vampire The Masquerade : Bloodlines et plaira certainement aux fans d’Hitman.

Comment tuer un gros loup-garou ? Ben en le coinçant dans une porte, pardi !
Vampire The Masquerade : Bloodlines : un univers détonant et riche en surprises
C’est d’ailleurs ces différentes manières d’aborder une quête qui fait le charme de Vampire The Masquerade : Bloodlines. Si certains reprochent au jeu une narration faiblarde et des dialogues candides, il faut tout de même avouer que le titre est résolument immersif. Vos péripéties vous conduiront dans 4 quartiers différents avec chacun son cachet. Santa Monica et son bar Asylum géré par des soeurs schizophrènes, Downtown avec la fameuse et opulente ventrue Tower, Hollywood où à chaque coin de rue règne la décadence et enfin Chinatown avec tous les clichés qui peuvent en découler. En plus de cela, la quête principale vous fait découvrir des endroits insoupçonnés et la bonne nouvelle est que le taxi est gratuit !
Dès les quelques minutes de jeu, on est mandaté pour aller visiter un hôtel abandonné et cette première excursion laisse des traces.

Tout ça, ça fout les chocottes, on ne va pas s’attarder.
Cet hôtel dont l’architecture est plutôt avantageuse est en réalité l’un des endroits les plus flippants du jeu. Traverser cette zone tard dans la nuit, avec le casque sur les oreilles, garantit une expérience plutôt déroutante, sensible à celle vécue dans les jeux d’horreurs tels Outlast. D’ailleurs, les moins téméraires en auront pour leur agent en matière de jump scare, ne serait-ce qu’à travers quelques détails disséminés ça et là par les développeurs. Une revue narrant le massacre d’enfants, la manifestation subite d’un fantôme, ou tout simplement un petit mot d’amour gravé sur le mur avec du sang.

Au moins, le message est clair…
En fait, dans Vampire The Masquerade : Bloodlines, à aucun moment il n’y a de longueurs. Certes, la sempiternelle zone des égouts relève du supplice, mais comme chaque tranche de la quête principale nous envoie explorer de nouveaux horizons, le charme opère. Une maison de fous, un musée d’histoire naturelle, une villa des horreurs, chaque tableau est plutôt saisissant et oscille entre la folie et l’effusion de sang. Si le fond de la quête principale n’a rien de novateur, il nous emmène à la rencontre de personnages tous les uns plus perchés que les autres. On retrouve notamment des chefs de clans avec des chevilles bien enflées, le cliché de l’agent de sécurité neuneu mais pas bien méchant, le gros geek passionné de flingues, le petit serveur qui fait des menus spéciaux pour arrondir ses fins de mois et les mafieux asiatiques qu’il ne vaut mieux pas se mettre à dos.

Le grand méchant chef du Sabbat.
Vampire The Masquerade : Bloodlines sait y faire en matière de stéréotypes et pourtant c’est une recette qui marche. Le tout renforcé par une bande-son heavy metal friendly avec la participation d’artistes comme Lacuna Coil, Tiamat ou Ministry fait de Vampire The Masquerade : Bloodlines un action-RPG sensationnel.
