Réclamez votre aller simple pour l’asile de fous !
Il y a certains types de jeux vidéo qui sont de véritables chefs-d’œuvre mais qui n’ont pas eu pour X ou Y raisons, le succès escompté. Eh bien c’est le cas de Sanitairium que nous allons redécouvrir aujourd’hui, un bon oldie faisant partie des jeux d’horreur sur PC tout droit venu de l’époque d’or des productions vidéoludiques, à la fin des années 1990. Pour la petite anecdote, à sa sortie, Sanitairium a déchaîné les foudres de l’association Familles de France qui a jugé que devoir déterrer les cadavres d’enfants était bien trop violent comme gameplay, même si cette petite spécificité est loin de résumer la richesse du titre.
Résultat des courses, le jeu a été retiré de la circulation seulement une semaine après sa mise en vente, et même si la censure s’est tassée, Sanitarium n’a pas eu droit à son heure de gloire comme il l’aurait mérité.
Qu’importe, en 2015 le jeu a été porté sur Android et iOS offrant ainsi la possibilité au commun des mortels de passer quelques heures dans un univers décalé et profondément empreint de folie.
Bienvenue à l’asile

Ça pour être un asile, c’est un asile !
Une alarme stridente vous tire de votre sommeil/coma, vous ouvrez les yeux et vous voilà en plein cœur d’un antre de fous. Qui êtes-vous ? Vous n’en avez pas la moindre idée. Tout juste vous souvenez-vous que vous avez été victime d’un accident de la route. Dans quelles circonstances ? Vous n’en savez pas plus si ce n’est que vous avez perdu le contrôle de votre véhicule dans un virage – une cinématique est là pour vous rafraîchir la mémoire. Peut-être est-ce un rêve ? Pourtant des bandages couvrent entièrement votre visage… Et si vous étiez en réalité un patient de l’asile psychiatrique ? Voilà tant de questions qui resteront sans réponses un bon bout du scénario !
Bref, le fait est qu’à première vue, vous vous trouvez dans une situation plutôt délicate, certes toujours moins délicate que celle du fou qui se tape la tête contre le mur jusqu’au sang, mais quand même ! L’endroit est sale, il sent le moisi, vos compagnons d’infortune sont tous aussi barges les uns que les autres… Une chose est certaine, il vous faut sortir d’ici et rapidement.
Dès les premiers instants de jeu, Sanitarium plonge le joueur dans une atmosphère déroutante, pleine d’angoisse, et profondément malaisante. S’il y a des jeux où il faut du temps pour se laisser happer par l’univers ou par le scénario, ici c’est immédiatement que l’on se sent saisi d’une envie irrésistible de progresser et surtout de découvrir qui est réellement le personnage que l’on incarne ! Et ici, vous en avez pour votre argent, l’aventure étant divisée en 13 chapitres différents, chacun avec son propre univers, ses énigmes à résoudre, ses puzzles à reconstituer et surtout, chacun représentant un pas de plus vers la réappropriation de votre mémoire. Pour progresser, il n’y a pas mille et une manières. Il vous faut chercher dans le décor tout objet qui pourrait s’avérer utile – c’est un point and click après tout … –, mais aussi tenter de communiquer avec des PNJ, auxquels il manque souvent plus qu’une seule case, et ça, c’est plus difficile…

La foi soigne la folie, non ?
Sanitarium : entre rêve et réalité, il n’y a qu’une mince barrière
Après avoir pris vos marques, vous parviendrez à sortir de l’asile à l’aide d’une statue d’ange – du moins c’est ce que l’on vous laissera croire – pour découvrir de nouveaux horizons tous plus déroutants les uns que les autres. La seule attache que vous aurez à la réalité, ce sont vos flashsbacks récurrents – sous forme de cinématiques – dont un premier vous livrera une information essentielle : votre prénom, Max.
À peine le premier chapitre quitté, vous plongez dans un décor encore plus sinistre que celui du premier tableau. Un village sans adulte avec des enfants déformés par on ne sait quel mal, une fillette avec deux jambes de bois qui fait de la corde à sauter comme si de rien n’était, un cercle d’enfant autour d’une citrouille qui chante, l’horloge de l’école dont les aiguilles tournent à l’envers, tout dans Sanitarium est pensé pour mettre le jour mal à l’aise. Entre les voix d’enfants – qui vous suivent même dans le menu du jeu – leurs plaisanteries sinistres et leurs chants qui rentrent dans votre tête jusqu’à vous faire devenir zinzin, c’est votre propre santé mentale qui risque d’en pâtir – il ne s’agit pourtant que du deuxième tableau !

Après avoir joué à Sanitarium, vous ne verrez plus jamais les citrouilles du même œil…
Tant le doublage des personnages que la bande-son d’ambiance ou encore les textes sont extrêmement bien léchés, si bien qu’on se laisse porter dans les méandres du subconscient de ce personnage qui a tant à révéler. C’est une ambiance malsaine que l’on retrouve tout au long de l’aventure, à ne plus savoir si c’est vous qui êtes fou ou le monde qui l’est ! Au fil de vos pérégrinations, vous serez aussi amené à quitter temporairement votre enveloppe corporelle pour incarner une fillette, une sorte de cyclope super baraqué et un dieu aztèque, toutes ayant un lieu étroit avec votre passé…

Un cirque dans un jeu d’horreur a toujours un côté creepy…
Un gameplay loin d’être linéaire pour un point and click
Si les férus d’action ne trouveront pas dans Sanitarium chaussure à leur pied, c’est en réalité le décor en 3D isométrique et l’ambiance morbide qui fait tout le charme du jeu. Les dialogues avec les PNJ, empreints d’humour et parfois de poésie, se dégustent comme un bon livre d’horreur et comblent cette solitude que l’on ressent intrinsèquement tout au long de la partie.

Dans Sanitarium, vous aurez l’occasion de causer avec des cadavres, et ils sont plutôt loquaces !
Tout ce que vous voyez et tout ce que vous vivez n’est en fait qu’une métaphore ou un souvenir déformé de folie. Pour rétablir la vérité, il faut résoudre chaque tableau, ponctué d’énigmes de tout type. Pas vraiment de quoi casser trois pattes à un canard, mais c’est plutôt un bon point, si l’on recherche un jeu sans frustrations et où consulter la soluce reste optionnel. Votre mission principale est d’examiner votre environnement et d’interagir avec. Vous avez aussi l’opportunité de collecter quelques objets pour les utiliser à bon escient.

Votre inventaire ne sera que rarement aussi bien fourni…
On peut d’ailleurs souligner que sur ce point, il est assez difficile de rester bloqué dans sa progression puisqu’il suffit de cliquer sur “l’œil” pour avoir un aperçu des zones dignes d’intérêt. Dans certains cas, il ne s’agit que d’éléments de décor, dans d’autres, ce sont des découvertes essentielles pour avancer dans l’aventure.

Sanitarium vous offre un aperçu des points à explorer plus en profondeur.
Toutefois, ces indications ne constituent pas une soluce. En effet, pour résoudre certaines énigmes, il faut faire appel à son bon sens et à la logique, parfois même, il vous faudra jongler entre vos différentes enveloppes corporelles pour arriver à vos fins ! Cette fonctionnalité de Sanitarium n’a donc pas vocation à simplifier l’expérience de jeu, mais plutôt à la rendre plus accessible pour ceux qui recherchent une expérience fluide et riche en émotions ! Surtout, elle n’est d’aucune utilité pour les phases d’action qui d’ailleurs représentent l’un des seuls points noirs du titre.

Les lasers ne sont pas très bons pour un Dieu aztèque.
Saniratium n’est pas un jeu compliqué si vous lisez attentivement ce que vous racontent les PNJ. La plupart des réponses figurent dans leurs discours. Cependant, de temps à autre, vous serez confronté à des tableaux où il vous faudra vous montrer réactif. Un épouvantail géant à combattre, des lasers à éviter, une course contre la montre, si ces passages ne sont pas essentiels à l’essence du jeu, ils apportent une difficulté supplémentaire, malheureusement mal dosée puisque le personnage est assez dur à contrôler. Mais après tout, il faut bien que Sanitarium affiche quelques défauts ! La bonne nouvelle étant qu’un échec reste assez peu punitif.

Serait-ce le néant qui n’emporte ?
En bref, même si Saniratium n’a rien d’un RPG et que la progression reste de manière générale linéaire, c’est tout un voyage dans les confins de l’aliénation qui est ici offert au joueur durant 13 chapitres, tous ayant leur grain. Paradoxalement, plus on en apprend sur le héros principal, plus le chemin vers la lucidité semble nous échapper, le monde basculant à chaque instant un peu plus dans la folie. Arriverez-vous à l’outrepasser ? Ça, c’est à vous d’en décider.
Sanitarium a été testé sur iPad.
