Lust From Beyond, une horreur très érotique
Si érotisme et sexe sont actuellement banalisés en société et notamment par la publicité et le cinéma, il n’en est pas de même dans le monde du jeu vidéo. Presque tabou, le contenu adulte demeure censuré auprès du grand public et c’est vers quelques studios de niches ou éditeurs indépendants qu’il faut se tourner pour découvrir certaines références s’inspirant du genre, comme ce nouveau Lust From Beyond, mélange entre jeu d’horreur et érotisme. Plutôt atypique par essence, ce genre original a suffi pour susciter notre curiosité, après une bande-annonce semblant très inspirée par un certain H.R Giger.
Lust From Beyond ou l’orgasme frontière
Imaginez, si vos ébats vous envoyaient directement non pas au septième ciel, mais directement dans une dimension parallèle totalement infernale. C’est le quotidien de Victor Holloway, modeste antiquaire. Par la force des choses, vous allez être contraint avec lui de définir la frontière et la raison de ce monde pour le moins dépaysant, où tout n’est que muqueuse et luxure. Sans en tomber par terre, cette première introduction fait l’affaire et nous voilà face à un mystère de taille, en ajoutant au tableau l’existence d’une secte, qui semble intimement liée à ce phénomène.
Lusst’Ghaa est l’antre de la luxure, version cauchemar.
Pourtant, avec un tel tableau, Lust From Beyond ne parvient pas à faire peur. Même après plusieurs heures de jeux, nous étions toujours en attente de vraies tensions, de vrais malaises, dans cette grande surenchère de gore et de luxure. Trop propre, trop linéaire, ou simplement sans grande inspiration passé l’effet de surprise ? Le tout manque clairement de psychologie, plus que d’abondance de démonstration de verges et autres muqueuses ! Si le lore reste tout juste sympa, il n’est pas parvenu à instaurer un vrai climat de peur, comme Visage a su le faire, ou même avec beaucoup moins de mise en scène, Helpless.
Malheureusement, et comme nous le craignions, Lust From Beyond n’est pas spécialement effrayant. Beaucoup de surenchères, et trop peu d’invitation à l’introspection pour y parvenir.
Une esthétique très excentrique…
Principal argument de communication autour de ce Lust From Beyond, l’esthétique de son univers à la frontière de l’horreur et de la pornographie. Très caractéristique, le titre ne cache pas ses influences, largement inspirées de Lovecraft ou du cinéma à la Clive Barker, voire selon nous d’une plastique très gigerienne. Un pari audacieux, tant le maître a su placer son art au sommet, et peut-être un peu trop pour le petit studio en tête de Lust From Beyond. Si les décors phallusiens mi-chair, mi-machine, biomécanique comme disait Giger, sont intrigants au départ, le titre s’essouffle très vite et peine à cacher ses textures dupliquées et son manque de moyen pour dépeindre un univers de cet acabit.
Giger est toujours très présent dans l’imaginaire collectif.
Saluons tout de même vis-à-vis de la relative prise de liberté de Lust From Beyond vis-à-vis du contenu sexuel, plutôt démonstratif si on le compare à ce qui se fait en temps normal dans le jeu vidéo. Attendez-vous donc à quelques scènes sexuelles, qui ne devraient choquer personne en 2020.
Le sexe fait évidemment partit du contenu de Lust From Beyond. Au risque de plaire, ou de ne pas plaire. Vous voilà prévenu.
… Pour un jeu très formel
Si l’immersion dans le cauchemar humide de Lusst’Ghaa se veut chaotique, son exploration est d’une linéarité sans précédent avec un level design aux fraises ! Déjà peu présent dans l’aventure, l’aspect découverte est totalement écarté dans ce cauchemar lubrique qui se résume à traverser des couloirs sans vie, sans surprises, et résoudre quelques énigmes absolument anecdotiques. En résumé, on s’ennuie ferme.
L’univers est charmant au premier abord, mais révèle vite ses faiblesses : textures dupliquées à outrance et couloirs sans vie.
Ce sentiment de “manque de vie” et de linéarité est renforcé sans aucun doute par ces quêtes, qui comme tout mauvais point-and-click ont la manie de nous faire voyager à droite et à gauche pour assembler la bonne pierre dans le bon trou, ou encore faire la bonne liste de courses ! C’est d’ailleurs, comme cela que commence votre aventure en jeu. Une bonne façon de rallonger artificiellement la durée de vie.
Chercher, livrer, assembler, les énigmes sont pour leur majorité sans grand intérêt.
Un gameplay qui ne trouve pas sa personnalité
Proche cousin de l’horreur, Lust From Beyond souffre des mêmes défauts au niveau de son gameplay qu’un certain Someday you’ll return précédemment testé. Le titre manque de consistance dans sa prise en main. Vrai survival, FPS, voir RPG ? !
Impossible à savoir, tant le titre se vautre entre deux phases d’infiltrations ratées, des séquences énigmes et magies sans crédibilité par rapport à la nature du héros, des courses-poursuites avec des boss à l’IA ratés, des armes à feu qui tombent du ciel et une maniabilité exécrable. Le tout, entrecoupé par d’innombrables scènes de dialogues dispensables, fameux syndrome du jeu-cinéma, suffisent à étouffer un jeu qui peine déjà à démarrer, voire pire, à se définir ! À être obsédé par la volonté de jouer sur tous les tableaux, il n’en résulte rien.
Beaucoup de dialogues viennent ponctuer l’aventure, au risque de casser un rythme déjà à bout de souffle.