Saint Kotar : et si vous partiez sur les traces d’une ancienne ville maudite ?
Bienvenue dans un monde où l’obscurité règne en maître et où l’horreur est omniprésente à chaque coin de rue : celui de Saint Kotar.
Si vous êtes friand de titres qui vous plongent dans une ambiance sombre, mystique et à la fois terrifiante, vous êtes au bon endroit !
Saint Kotar est un jeu d’horreur psychologique se déroulant dans la ville rurale de Sveti Kotar en Croatie. Après avoir été financé avec succès sur Kickstarter, le jeu a décroché le titre de jeu croate de l’année 2021.
Inspiré par les univers d’Edgar Allan Poe et d’H.P. Lovecraft, ainsi que par des séries télévisées à succès telles que Black Mirror et True Detective, Saint Kotar se révèle être un projet brillant par son atmosphère originale, lugubre et saisissante, et ce, tout au long des péripéties et des rebondissements qu’il a à offrir.
Dès les premières minutes de jeu, le décor est posé et à l’atmosphère oppressante s’ajoute un soupçon de folie et d’obscurs mystères sur lesquels il vous faudra lever le voile.
Vous, Benedek Dohnany, homme de Dieu, ne vous souvenez plus grand-chose de vos dernières 48 heures. Tout juste que vous êtes venus à Sveti Kotor en compagnie de votre sœur Victoria (et de son mari) pour assister à une exposition de peintures dans un étrange château.
Sveti Kotar, un village croate rongé par le mal
Après un court didacticiel qui vous permet de vous familiariser avec les mécaniques du jeu, vous vous réveillez d’un terrible rêve, dans une maison qui vous est totalement inconnue. Comment avez-vous atterri ici ? Vous n’en avez aucune idée. Où est votre sœur ? Pas la moindre idée. Bon, la bonne nouvelle c’est que vous n’êtes pas seul. Nikolay Kalyakin, votre beau-frère est à vos côtés. Seul bémol, il ne semble pas non plus en savoir bien plus que vous sur la situation.
Très vite cependant, vous sentez que quelque chose ne tourne pas rond. Le sang dans le bénitier près de la porte de la maison, des cadavres de corbeaux sur le balcon, le portrait d’un homme pour le moins déroutant.
Outre les phénomènes étranges dans la maison vous avez également l’étouffant sentiment que d’effroyables événements se déroulent à Saint Kotar. Vos impressions se révéleront vraies et vous serez très vite confronté à une série macabre de meurtres et d’étranges phénomènes, dont la disparition de Victoria, votre sœur.
Mais il y a un autre problème. Votre sœur, en plus de manquer à l’appel, semble mêlée aux terribles épisodes de violence qui sévissent sur Saint Kotar. En effet, les premières conclusions de l’enquête de la police locale sont formelles, Victoria est incontestablement impliquée dans le meurtre du maire… Est-elle réellement coupable ou s’agit-il d’une vile machination ? À vous de le découvrir !
Un gameplay pas réellement poussé, mais qui tient la route
Dans Saint Kotar, pas de fantaisie en matière de gameplay, et le titre, si ce n’est qu’il s’agit d’une aventure narrative assez travaillée, reste un point and click assez classique. Il vous faudra collecter des objets pour interagir avec les éléments du décor et c’est à peu près tout.
Certains objets devront être combinés entre eux afin que vous puissiez arriver à vos fins. La seule touche d’originalité, c’est que vous incarnez deux personnages jouables (en alternance) Benedek et Nikolay, chacun possédant un inventaire qui lui est propre.
Finalement c’est cette alternance des personnages qui va nourrir un certain suspens tout au long de l’aventure. Dès lors que vous arrivez à un passage critique de l’histoire, voilà que vous devez switcher sur l’autre personnage et du coup prendre votre mal en patience pour avoir droit au dénouement de l’arc narratif.
Saint Kotar n’est pas un titre franchement difficile et il est plus proche de l’aventure narrative que du jeu d’enquêtes. Il s’adresse donc plutôt à des personnes qui aiment se laisser tenter par un univers atypique et creuser chaque petite phrase de dialogue, plutôt qu’à ceux qui préfèrent du dynamisme et de l’action.
Parce que oui, Saint Kotar est plein de surprises et de lieux cachés que vous aurez le plaisir (ou pas) de découvrir si tant est que vous soyez curieux.
Et pour trouver les différents objets qui vous aideront dans votre progression, il suffit de maintenir la touche “espace” de votre clavier pour afficher les points d’intérêt de la carte. Peu de chances donc de devoir tourner en rond ou de s’orienter par dépit vers la soluce du jeu.
Saint Kotar : un titre loin de se résumer à l’aventure narrative
Si Saint Kotar reste dans l’ensemble un jeu assez verbeux, ce qui le distingue des point and click traditionnels et contribue finalement à entretenir une réelle immersion, c’est vraiment un univers particulièrement bien documenté.
Au fur et à mesure de vos investigations, vous en apprendrez plus sur l’histoire de la ville rurale de Sveti Kotar, étroitement liée à celle de l’Inquisition, à celle des sectes de cannibales, mais aussi à de mystérieuses créatures comme les goules lunaires, les sorcières, etc.
Mais en jouant à Saint Kotar, on ne se contente pas de subir les logorrhées des différents personnages, on est aussi acteur. Acteur du destin de Benedek et de Nikolay, mais aussi de tout le devenir du village.
À noter que les lignes de dialogue sélectionnées par un personnage peuvent affecter l’histoire de l’autre. Les choix que vous ferez avec Benedek Dohnany auront un impact sur celle de Nikolay Kalyakin.
Un bon conseil, faites des sauvegardes assez régulièrement, et gardez à l’esprit que Saint Kotar reste un jeu à l’ancienne, et qu’un mauvais choix pris peut vite vous mener à un écran de fin.
Quant à savoir si votre aventure finira “bien”, c’est à vous de décider. Resterez-vous un fidèle homme de Dieu, droit dans ses bottes, ou embrasserez-vous un chemin plus sinueux ?
Un univers superbement sombre et peint à la main, et des personnages secondaires tous ravagés de l’intérieur
Saint Kotar tire principalement sa force de ses décors peints à la main et plutôt lugubres. Un univers qui n’est pas sans rappeler celui de Stygian : Reign of the Old Ones, également d’inspiration lovecraftienne.
Pour plus d’immersion dans les tréfonds de Sveti Kotar, le joueur pourra faire le choix d’activer dans les options du jeu le mode “horreur classique” pour “vivre le jeu comme dans un film d’horreur”. Ce mode supprime toutes les couleurs et assombrit le décor, de quoi s’offrir de belles frayeurs.
Outre un monde superbement sombre, Saint Kotar ce sont aussi tout un lot de personnages secondaires atypiques, rongés par leur dévouement envers Dieu, par la folie ou encore aux prises de leurs propres démons. Entre le pêcheur qui considère une sangsue comme son enfant, le petit garçon qui s’arrache des bouts de lambeaux de peau pour nourrir les poissons du lac, le flic à moitié amnésique auquel il manque une moitié de crâne ou encore le prophète et sa secte d’adorateurs énucléés, à la langue tranchée, c’est à se demander si Saint Kotar est une réelle ou simplement un cauchemar. Le doute sera permis tout au long de l’aventure.
Une bonne durée de vie et une excellente rejouabilité
Vous l’aurez compris, si Saint Kotar n’est pas franchement un titre dynamique en raison de son gameplay qui invite pas mal à la contemplation, il offre en revanche une bonne rejouabilité. Une seule partie ne suffit pas à explorer tous les recoins du sinistre village de Sveti Kotar et de ses environs ni à décrypter tous les mystères qui s’y trament.
Ainsi certains joueurs se sentiront peut-être lésés de ne pas trouver toutes les réponses à leurs questions. Et des questions, il y en a un bon nombre à se poser tout au long de l’aventure. Les liens profonds entre les personnages, toutes les malédictions qui gravitent autour de Benedek Dohnany et Nikolay Kalyakin, les différentes sectes et créatures, etc.
Impossible de saisir toutes les subtilités de Saint Kotar en une seule fois, même en faisant preuve d’une réelle attention.
Qui plus est, le titre propose au bas mot 4 différentes fins (c’est du moins la quantité que j’ai réussi à débloquer) et une bonne dizaine de zones cachées creusant encore plus le background des personnages ou le lore de ce presque charmant village croate.
Côté durée de vie, comptez entre 8 et 10 heures, ce qui reste assez honnête compte tenu du prix.
Et si vous accrochez à l’univers, sachez qu’il existe aussi un DLC gratuit “The Ritual” qui permet d’incarner Victoria, la sœur de Benedek, et de lever encore un peu plus le voile sur les mystérieux phénomènes qui se trament dans la ville et sur l’histoire personnelle de la famille Dohnany.
Saint Kotar a été testé grâce à une clef envoyée par les développeurs.