Tout commence par une définition : Enypnion qui vient du grec ancien biblique : (n. littéraire) Quelque chose vu pendant le sommeil, c’est-à-dire un rêve, une séquence de représentations qui apparaissent dans l’esprit pendant le sommeil.
S’en suit une brève explication sur les Oneiroi qui seraient les esprits du rêve ou des dieux. Des créatures capables d’influencer le contenu des rêves et qui sont “utiles ou nuisibles au rêveur, en fonction de leurs actions.”
Le ton est donné !
Un point’n’click dans un univers surréaliste
Enypnion Redreamed est un jeu développé par le studio Sinking Sheep, plutôt discret dans sa communication. Il s’agit en réalité d’une version améliorée du jeu Enypnion original avec à priori quelques améliorations.
Le joueur incarne Jonathan, un jeune garçon qui, pendant son sommeil, reçoit la visite d’une sphère de lumière : un Oneiroi. Celui-ci l’invite à aller explorer les méandres de son inconscient qui, sont ni plus ni moins que des représentations déformées des objets qui l’entourent au quotidien : des pièces d’échecs, le tableau d’une lune, une peluche de singe, une poupée. Mais dans les songes, ce qui est banal devient très vite déroutant.
Si finalement le postulat de base d’Enypnion Redreamed ne brille pas d’originalité – la thématique du rêve, c’est vu et revu – on se laisse assez vite prendre au jeu. Entre des décors assez sombres inspirant parfois un sentiment de malaise et des tableaux assez loufoques, on a vite envie de creuser le moindre détail pour en saisir toutes les subtilités.
Dès lors qu’il s’agit de créer une ambiance, Enypnion Redreamed réussit plutôt bien l’exercice. Les divers personnages que rencontre Jonathan brillent tous d’originalité même si l’on peut regretter le manque d’interaction avec ces derniers.
Mis à part quelques lignes de dialogues – moins d’une dizaine –, où le joueur peut choisir entre deux répliques – qui n’auront aucune conséquence sur la suite des événements – il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent.
Un gameplay assez simpliste
Si les jeux point’n’click n’ont pas la réputation de prétendre proposer un gameplay très élaboré, celui d’Enypnion Redreamed se limite vraiment au strict minimum. Le titre est divisé en chapitres, que vous pouvez rejouer à tout moment. Pour quoi faire ? Aucune idée.
Pour avancer dans le scénario, forcément, il faudra résoudre des énigmes. Pour ce faire, le joueur dispose d’un inventaire d’objets…
… et de l’appui de l’Oneiroi. Celui-ci est matérialisé sous la forme du curseur de votre souris. Il brille dès lors qu’un élément important mérite votre attention.
Jonathan, quant à lui, reste toujours étrangement statique. Comme s’il n’était que spectateur de ses rêves…
Il y a aussi un panel d’énigmes à résoudre. Certaines sont très simples. Pour d’autres, il suffit de cliquer au hasard sur la fenêtre de l’écran, du moins, c’est l’impression qu’elles donnent. Mais pour quelques rares autres, il faut vraiment se creuser la tête pour en venir à bout. Elles interviennent plutôt vers la fin de l’aventure. Dommage que ces énigmes un tant soit peu réfléchies soit si marginales.
Finalement, comme la plupart sont résolues en quelques secondes, la durée de vie du titre reste très limitée.
Même si un bon point’and’click n’a pas besoin d’un scénario qui vous occupe des jours – Boxville n’est pas non plus transcendant quant à sa durée de vie –, un peu de challenge est toujours bienvenue. Or, ce n’est pas dans Enypnion que vous en trouverez.
Une aventure contemplative plutôt qu’un jeu basé sur la réflexion
Enypnion Redreamed reste finalement plutôt un jeu d’aventure qui plaira aux joueurs qui ont un petit penchant pour la contemplation. Pas non plus jusqu’à pousser cette caractéristique jusqu’à son paroxysme, comme c’est le cas dans Gris, rassurez-vous.
Côté game design donc, rien à redire. Le titre possède clairement une âme et le lore autour des rêves est bien présent. Le joueur sera amené à progresser dans différents stades de consciences, même si le sentiment de progression n’est pas toujours présent. La bande-son est également recherchée et on ne va pas s’en plaindre !
Parfois, le titre s’inspire des codes des jeux d’horreur, avec quelques jump scare bien dosés. Le tableau du cirque est vraiment réussi et côté sensation de malaise, on n’est pas loin de celle ressentie dans Sanitarium. Quelques cinématiques viennent également ponctuer les chapitres offrant un certain mouvement.
Enypnion Redreamed est une belle découverte, même si la fin reste clairement survolée. Le joueur aura toutefois un choix cornélien à faire, à vous de faire le bon !