Quand combattre est loin d’être une solution
À l’instar d’Inquisitor RPG que l’on vous a présenté il y a quelques jours The Age of Decadence a également mis du temps pour sortir de sa coquille : près d’une dizaine d’années. Si les détracteurs pointent des graphismes d’un autre âge, et une cruauté du gameplay omniprésente, pour prendre du plaisir en jouant à ce titre, il faut en saisir la dynamique et comprendre que votre personnage, qui n’est qu’un simple humain, sans talents particuliers, doit apprendre à faire des choix. Et, comme le tutoriel l’affirme, les combats ne sont pas toujours la meilleure solution…
Le contexte de The Age of Decadence prend place dans un univers post-apocalyptique quelques siècles après la lutte magique sans merci entre le royaume de Qantaar et l’Empire qui a conduit à la chute du monde tel qu’on le connaissait. Les deux puissances ont invoqué des dieux et des engeances obscures ce qui finalement les a anéanties toutes deux. Les grandes villes, autrefois fleurons de l’humanité, ne sont désormais que champ de ruines. Dans ce chaos se sont installées diverses factions qui luttent chacune pour le pouvoir dans un monde où le savoir de la science et de la magie n’est qu’un lointain souvenir, où le mensonge et la trahison ont peu à peu remplacé des valeurs tels que l’honneur…
Vous pouvez customiser votre personnage même si, soyons honnête, ce n’est pas la priorité.
C’est donc parmi ces factions que vous allez pouvoir faire vos armes. N’y voyez aucune obligation, dans The Age of Decadence, vous êtes aussi libre d’être un vagabond et de ne pas faire de choix. Toutefois adhérer à une guilde ouvre le champ de quêtes secondaires plutôt riches : assassins, voleurs, mercenaires, gardes impériaux, marchands, chaque maison vous offrant son lot d’actions, d’intrigues, de trahisons et de chasses au trésor ce qui garantit à The Age of Decadence une excellente rejouabilité. Qui plus est, vous verrez assez rapidement qui si la loyauté n’est pas votre dada, vous aurez le loisir de retourner votre veste à votre guise… Mieux vaut tout de même vous tourner vers une faction en adéquation avec les talents de votre personnage, sinon votre progression peut s’avérer des plus difficiles…
L’aventure débute par la création de la feuille de votre personnage. Tout comme dans Atom RPG, les statistiques de base comme la force, la dextérité, la constitution, etc. ne pourront être augmentées durant la partie lors de gain d’expérience (pas de système de niveau dans AoD), il faut donc les choisir sciemment. La fiche se divise en compétences martiales et en compétences civiles. Notez qu’il vous sera impossible de créer un personnage bon partout, c’est aussi cela qui crée la frustration chez certains joueurs. On vous demande d’infiltrer furtivement une base, vous échouez et s’amorce un combat qui ne sera jamais en votre faveur. Vous devez égorger un adversaire, c’est raté, voilà que ses copains rappliquent et contrairement à vous, ils sont bien armés et un brin énervés. Peut-être que si vous aviez fait preuve d’un peu de diplomatie en amont, une solution plus favorable aurait pu être trouvée… Et dans The Age of Decadence, le personnage persuasif est tout à fait viable puisque vous pouvez terminer l’aventure sans même équiper une arme. Après, il faut savoir apprécier ce type de gameplay…
Une interface plutôt intuitive
Vous l’aurez compris, The Age of Decadence n’est pas accessible au commun de mortels. Néanmoins, comparé à d’autres titres du même acabit, l’interface du jeu est assez simple à prendre en main. On peut reprocher un journal de quête trop rudimentaire qui se limite à annoter l’objet de vos missions, mais c’est aussi cela qui en fait son charme. Finalement avec un peu de jugeote, une lecture attentive des répliques de vos interlocuteurs et grâce au déplacement rapide possible même entre deux zones d’une même ville, la résolution des quêtes ne sera pas un obstacle à votre aventure.
Si vous n’êtes pas féru des allers-retours incessants, vous serez servis ! Chaque grande ville dispose de déplacements rapides intra-muros.
Se déplacer d’une ville à une autre grâce à un clic, c’est un sacré avantage.
Il en est de même pour le déplacement entre les zones (une vingtaine en tout et pour tout). Finies les rencontres aléatoires et tant mieux (surtout si vous êtes diplomate). Dans The Age of Decadence, point de longueurs on est immergé dans le jeu du début jusqu’à la fin.
Toujours au niveau de l’interface, l’inventaire est facile à manier et vous donne accès à l’élaboration d’armes, armures et potions si, bien évidemment, vous avez choisi d’investir quelques points dans ces compétences.
Un inventaire plutôt pratique.
Vous êtes arrivé… à Téron
Lors de chaque entrée dans une zone importante, on a droit à un texte de présentation.
Direction l’aventure ! Première étape de votre périple : Téron où votre maître de guide vous missionne à la recherche d’un parchemin qui contient des informations sur un étrange temple en lien avec l’Ancien Monde. Cette tâche sera votre quête principale et s’avérera beaucoup moins évidente que prévu. En effet, il vous faudra souvent manipuler, intimider ou imiter vos interlocuteurs pour espérer glaner tout document utile à votre quête. Bien évidemment, en cas d’échec, il est toujours possible d’utiliser la manière forte… À vos risques et périls !
Il ne faut jamais énerver la garde impériale !
Le système de combat est très proche de celui de Dungeon Rats, en même temps rien d’étonnant, comme il s’agit d’une suite spirituelle de The Age of Decadence. Vous pouvez donc à chaque action cibler une partie corps de l’ennemi pour le ralentir, l’empêcher d’attaquer ou encore lui infliger des saignements et ainsi en finir plus vite. L’utilisation d’objets est aussi la bienvenue : potions, bombes, si tant est que vous ayez mis quelques points en alchimie ou artisanats, ces quelques fantaisies auront vite fait de renverser l’issue d’un combat. Toutefois pas de possibilité de se soigner en combat, mieux vaut être certain d’être à la hauteur de ses adversaires. Après tout, si vous en êtes arrivé là, c’est que vous n’avez pas pris la peine de discuter, or ne dit-on pas que la communication est la clef de la réussite ?
Une banale conversation dans The Age of Decadence.
D’ailleurs, chercher à tout pris la baston, c’est se priver de bon nombre d’échanges et une chose est certaine, la prose de The Age of Decadence est un plaisir à lire. Difficile de rester insensible à la richesse des dialogues. Toutefois comparé à bon nombre de RPG PC bien verbeux, ici la narration reste dans la bonne mesure et on se plaît à croiser les doigts pour que notre score en compétence civile soit assez élevé pour réussir à persuader son interlocuteur… À chaque dialogue, son lot de surprises, et contrairement à l’avis de certains joueurs, l’aspect jeu de rôle est bien présent dans The Age of Decadence.
Règle n°1 : Ce n’est pas parce que l’on pense être bon parleur que c’est vraiment le cas…
The Age of Decadence : Prudence est mère de sûreté
Dans The Age of Decadence, le maître mot, c’est qu’il vaut mieux être méfiant, quitte à passer pour un goujat, que se jeter dans la gueule du loup sans ménagement. En effet, l’univers est tout sauf familier. Durant les quelques premières minutes du jeu, vous apprendrez que non, il ne faut pas suivre chez lui un marchand qui se targue d’avoir les plus belles armures, que partager un verre avec un prospecteur devant une bibliothèque peut s’avérer être un odieux stratagème pour vous détrousser, bref tout le monde veut votre peau, et le concept d’amitié est à prendre avec des pincettes. Pour bien vous intégrer, il faut en faire de même. Trahir sa propre faction peut vous amener son lot d’ennui, mais si c’est pour accepter une offre alléchante par ailleurs, pourquoi pas ? Surtout que tout au long de l’aventure, 99 % de vos ennemis ne sont en réalité que de simples humains, plus ou moins entraînés au combat.
Maadoran, devant le palais impérial.
C’est d’ailleurs cela qui fait la profondeur de The Age of Decadence. Point de surenchère, exit les elfes, orques et créatures en tout genre. La seule fantaisie est présente dans les lieux emblématiques issus de l’ancien temps où vous serez amené à résoudre des énigmes en tout genre si tant est que vous soyez ouvert à la connaissance et au savoir : réparer un ancien dirigeable, anéantir une ville entière (oups, j’ai pas fait exprès) et autre divertissement. Et comme le décor est assez austère, on se délecte au fil de l’aventure de tout reliquat de l’âge d’or. Ne comptez pas sur le fait de tout découvrir en une seule partie ! La résolution des énigmes étant soumise à certaines quêtes annexes ou au niveau de vos compétences, un seul et même personnage ne peut s’offrir le loisir de parcourir chaque recoin du monde de The Age of Decadence. Surtout que parfois, si vous esquivez une zone, le futur se déroule sans vous…
En tout cas, après 5 parties et 5 fins différentes, je doute d’avoir goûté ne serait-ce qu’à 60 % du jeu…
Zamédi, un haut lieu vénéré par les fanatiques.
Afin de clôturer ce test, qui, je l’espère vous donnera envie d’essayer ce titre atypique, un mot sur la bande-son. Si les bruitages sont assez rudimentaires et qu’il n’y a absolument aucun doublage, l’ambiance sonore est en adéquation avec le côté épuré du reste du jeu. Néanmoins les musiques de fond sont plutôt abondantes et chaque thème correspond à une zone ou à une autre de la carte. Par contre, il faut aimer les phrasés empreints de spleen. Mais après tout, que peut-on attendre d’autre d’un monde où la lutte entre deux camps a entraîné leur destruction mutuelle ?