Un rpg dans la lignée de Baldur’s gate ?
S’il y a bien un CRPG que l’on avait envie de tester depuis longtemps sur Culture Underground, c’est Black Geyser : Couriers of Darkness. Financé avec succès par 3 467 contributeurs sur KickStarter en 2018, il s’inspire des classiques du genre comme Baldur’s Gate, Neverwinter Nights, ou encore Icewind Dale. Si sur le papier Black Geyser reste extrêmement prometteur, tant en matière de gameplay que de lore, qu’en est-il en réalité ? C’est ce que nous allons tenter de voir dans cet article.
Bienvenue dans un monde déchiré par la guerre civile et l’avidité
Black Geyser se déroule dans Yerengal, un monde vénal et cupide sous le joug du dieu Rothgor qui sème la peur et la terreur chez les races mortelles. Si le peuple d’Isilmerald a pendant un temps connu une période de paix et de prospérité, la malédiction refait surface et une guerre civile sanglante se prépare entre la capitale Isilbright et la riche ville minière de Deron-Guld.
Le héros incarne l’enfant illégitime du lord Espen, employé comme serviteur dans le domaine seigneurial. Un soir, la propriété de lord Espen est assiégée par son fils Aldnar qui assassine froidement son père (et donc le vôtre) sous vos yeux…
Votre mission est la suivante : réclamer votre titre de noblesse et partir à la découverte du royaume d’Isilmerald en tentant de survivre dans un monde menacé de guerre civile. Nourrirez-vous l’avidité ou au contraire insufflerez-vous un vent de générosité ? Pousserez-vous les deux cités à rentrer en conflit ou au contraire tenterez-vous de maintenir un semblant de paix ? Ça, c’est à vous de voir !
Une grande liberté quant à la création du personnage
D’emblée Black Geyser n’y va pas de main morte pour faire plaisir aux férus du genre. En effet, côté création de personnage, on est plutôt bien servi : 5 races jouable (humain, nain, elfe, feldegug, rillow), une dizaine de classes une peu plus originales que les standards “guerrier et mage”, des compétences propres à chaque classe, incluant des talents pour exceller sur le champ de bataille, briller dans le craft de potions, ou régler les conflits de manière diplomatique.
Et si vous ne voulez pas trop vous prendre la tête, eh bien il suffit de piocher dans la liste des personnages pré-faits du jeu, qui ont pour principal avantage d’être équilibrés, un point pas évident à maîtriser en montant les caractéristiques soi-même.
Une entrée en matière plutôt prometteuse
Dès les premières minutes de jeu, Black Geyser donne le ton et dévoile des qualités assez appréciées par la communauté des fans de RPG. C’est-à-dire une histoire creusée, des dialogues longs et verbeux, et la possibilité de faire des choix qui, d’après les promesses faites par les développeurs, auront une conséquence sur le dénouement de votre quête. Un ensemble de qualité plutôt louable donc.
Mais avant de vous plonger dans l’aventure, vous aurez droit à un tutoriel assez poussé, vous permettant d’une part de vous familiariser avec l’interface de votre fiche de personnage, et d’autre part d’assimiler les mécaniques du jeu. Vous découvrirez ainsi le système de combat en temps réel avec possibilité de pause, l’inventaire de votre personnage peu ergonomique au passage –, le système de craft de potions assez dispensable et un point assez important de gameplay, l’avidité.
Des choix à faire, en veux-tu, en voilà
Dans Black Geyser, il n’est pas réellement question de bien ou de mal, mais plutôt de cupidité et de générosité.
Plus au fil de votre aventure vous serez gourmand quant aux récompenses de quête, porté sur le pillage de coffre ou de cadavre, nourri par un désir profond de vous enrichir, plus les marchands augmenteront leurs prix, plus il vous sera difficile d’obtenir des réactions bienveillantes des PNJ et plus vous croiserez de hors-la-loi qui n’auront d’yeux que pour votre bourse. Une originalité qui offre un certain intérêt supplémentaire à Black Geyser Couriers of Darkness, mais aussi une bonne rejouabilité.
Mais ce n’est pas tout. Outre votre comportement de bon samaritain ou non, vous serez amené tout au long de votre mission à vous lancer dans des pourparlers. Et le résultat de ces négociations sera très étroitement liées au destin du monde. Concrètement dans Black Geyser, vos compétences en négociation et en persuasion seront un vrai plus – un peu à l’instar de The Age of Decadence. Si vous appréciez les titres qui offrent une réelle plus-value aux joueurs qui préfèrent la diplomatie aux combats, bonne nouvelle vous serez servi !
Explorer Yerengal en groupe, c’est mieux
À la différence des RPG où il est possible de compléter la quête principale sans s’encombrer de compagnons bavards, capricieux et un tantinet gauches dans les combats, dans Black Geyser, il vous faudra nécessairement savoir bien vous entourer. D’une part, parce qu’il vous sera impossible de défaire vos ennemis sans un bon guerrier, un bon soigneur et un bon mage dans votre équipe – même en mode histoire –, mais aussi parce que les compagnons recrutables sont une énorme source de quêtes secondaires.
Aussi, toutes les compétences sont mises à contribution dans le jeu. Si votre personnage ne sait pas ouvrir de coffres, s’il ne se soigne pas ou s’il ne tanke pas, il vous sera très ardu d’avancer de manière efficace au fil de vos pérégrinations…
Lors de votre aventure, vous rencontrerez une bonne dizaine de compagnons recrutables et avec un peu de bon sens vous pourrez composer un groupe équilibré capable de venir à bout des adversaires les plus coriaces. À noter toutefois que vous ne pouvez en recruter que 4 à la fois. Pas de panique cependant, vous pouvez vous séparer temporairement d’un membre du groupe, celui-ci vous attendra à l’auberge la plus proche. Aussi, chaque compagnon donne une quête, et ces quêtes sont plutôt intéressantes, fidèles à leurs “personnalités” bien que toutes ne peuvent être complétées, selon la composition de votre groupe.
Toutefois, les interactions avec les compagnons restent assez limitées et bien qu’il soit possible d’entamer des romances, ne vous attendez pas à un jeu de séduction poussé comme dans Baldur’s Gate. Si “Geyser Noir” s’inspire du jeu phare qui a créé l’émoi chez plusieurs générations de membres, il ne le surpasse pas, bien au contraire…
Des temps de chargement à la limite de l’acceptable
Passons maintenant au principal point noir de Black Geyser : les temps de chargement. Dès lors que vous rentrerez dans un bâtiment ou que vous changerez de carte, vous aurez droit à un écran de chargement dont la durée vous laisse le temps de préparer un café, le boire et laver votre tasse… C’est pour dire. Et ce phénomène est omniprésent pas seulement lorsque vous découvrez un nouveau lieu, mais tout le temps !
Or, le souci est qu’une bonne partie de la trame principale consiste, entre deux moments riches en combats ou en dialogues, à aller d’un point A à un point B puis de revenir au point A pour aller à un point C. Avec à chaque fois un screen de changement. Certes, le déplacement rapide entre les différentes régions ajouté à une vitesse de jeu accrue permet d’économiser un peu de nerfs, mais malheureusement reste loin d’être suffisant pour faire passer la pilule.
Espérons que dans de prochaines mises à jour de développement ce souci soit réglé…
Hélas, ce n’est pas le seul reproche que l’on puisse faire à Black Geyser…
Des bugs et des dialogues qui s’enchaînent mal
Si l’on peut pardonner quelques bugs aux jeux en early access, il est légitime d’être plus critique dès lors qu’il s’agit d’une version dite complète… Eh bien dans Black Geyser, il y en a des bugs, et pas qu’un peu. Déjà, le jeu plante de temps à autre durant ces fameux écrans de changement. Ensuite, le pathfinding du personnage principal, des compagnons et des PNJ reste assez critiquable.
Durant les combats, vous aurez tout le mal du monde à contrôler tout ce beau monde et à veiller qu’ils tapent bien votre cible. Sans parler de la barre des sorts qui vous demandera une bonne dextérité pour être correctement maniée – OK dans Baldur’s Gate, il y avait déjà le même souci.
Vous pourrez aussi les observer religieusement courir dans tous les sens… Il y a aussi l’enchaînement des lignes de dialogues qui fait défaut et qui ne tient absolument pas compte de la réponse choisie par vos soins, plus difficilement acceptable. Certaines quêtes secondaires également font totalement abstraction des choix pris par le joueur ou sautent une partie de l’intrigue…
Ajouté à cela un inventaire difficile à manier, un système de craft bon uniquement pour faire de la décoration, quelques longueurs dans un titre qui fait à peine une quinzaine d’heure de durée de vie et une fin qui “laisse sur sa faim”, malheureusement, on est, hélas, loin de la pépite espérée !
Black Geyser : Couriers of Darkness a été testé grâce à une clef envoyée par les développeurs.