Someday you’ll return
Avec son ambiance feutrée et son ton mystique, la bande annonce de ce Someday you’ll return nous laisse espérer une aventure originale et bien évidemment, un lot de mystère à percer comme on les aime. Entre escapade en forêt et horreur hallucinatoire, le titre de CBE Software semblait justement avoir été destiné aux amateurs d’univers originaux et confidentiels.
Un père à la recherche de sa fille
L’histoire nous transporte au cœur de la forêt de Chřiby en République tchèque, pays d’origine des deux développeurs du studio de Someday you’ll return. Le tout commence en douceur aux commandes de Daniel, un père de famille à la recherche de sa fille disparue. Les contrôles rapidement assimilés, nous voilà lancés à la recherche de cette dernière dans ce qui ressemble à un long couloir forestier. Réparer une échelle, un pont, serait-ce un avant-goût de notre périple ? Pour l’heure, la nuit tombe, et amène avec elle son lot de phénomènes étranges qui nous plongent dans les méandres d’un vieux blockhaus.


Le jour est synonyme d’excursion en forêt alors que durant la nuit Daniel vit littéralement un cauchemar.
Dans l’ensemble, si l’ambiance de Someday you’ll return possède effectivement sa patte à lui comme je l’avais pressenti, il m’a été impossible de rentrer dans l’aventure en raison de défauts, trop nombreux. Nous aurons le temps d’y revenir. La narration de l’histoire, que nous vivons à travers le personnage de Daniel est sans saveur, le personnage manque de trippes et d’inspiration, se contentant de commenter les horreurs auxquels il fait face comme un drogué ayant abusé de sa plaquette de benzodiazépine. Là, pour un titre se voulant psychologique nous sommes à côté de la plaque. Impossible de faire preuve d’empathie pour un héros si peu charismatique. La volonté de créer le malaise chez le joueur à travers le personnage de Daniel, face à ses propres peurs, la fuite, l’abandon, ses erreurs passées, tombe à l’eau. C’est d’autant plus problématique, que le titre en lui-même ne fait pas peur quand il voudrait l’être directement, avec des gimmicks bien trop prévisibles et survolés lors des phases de nuit.
Someday you’ll return ou la forêt de l’ennui
Someday you’ll return se veut bien volontiers contemplatif lorsqu’il s’agit d’arpenter sa forêt des merveilles. Mais n’oublions pas qu’un jeu ne présente que peu d’intérêt s’il se contente de vouloir plagier le monde réel. À ce titre, autant sortir de chez soi. Les chapitres en extérieur sont plutôt moches avec une forêt trop calquée sur la réalité, pas assez bien modélisée pour rendre honneur au vrai site de Chřiby, mais trop réaliste pour être inspirante, comme si le studio avait voulu recréer cet endroit fidèlement sans y parvenir. Les parties en intérieur, théâtre des horreurs de Daniel, sont plus réussies, sans non plus exceller avec beaucoup d’éléments et de textures redondantes. Si de beaux graphismes sont loin d’être synonymes de beaux jeux, force est de constater que l’ennui vient vite nous frapper dans cette forêt où nous allons de surprise en surprise dans les découvertes d’évènements toujours moins crédibles.
Pour couronner l’ensemble, les menus sont brouillons, les objets ramassés bien souvent inutiles et dans la majorité des cas utiles dans la résolution de puzzles grotesques entre deux énigmes sans grande saveur, un instant totalement guidé, l’instant d’après perdu au milieu d’un level design affreux sans plus d’indications. Le tout laisse cette sale sensation de ne pas jouer à un jeu, mais uniquement de baigner dans le fantasme mégalomane de développeurs voulant jouer sur tous les tableaux, mais où je joueur n’a pas sa place.

Les menus sont brouillons et permettent le plus souvent de réaliser des énigmes se résumant à des Puzzle Games sans intérêt. Ici, construire une échelle.
Someday you’ll return, petit studio mais grosses ambitions
Si Someday you’ll return était une carte de restaurant, cette dernière serait trop étoffée et proposerait à la fois des spécialités mexicaines et chinoises. La comparaison peut paraître saugrenue, et pourtant Someday you’ll return perd le client en intégrant bien trop d’éléments de jouabilités sans réelle convergence. Car, si l’idée de mêler randonnée pédestre bucolique à l’horreur relève déjà de l’exotisme, il n’était pas nécessaire d’emprunter en plus des éléments propres au RPG voire à la simulation d’ébénisterie et d’escalade.

Le thème de la sorcellerie est très présent. Mais à trop vouloir trop puiser dans différentes inspirations, Someday you’ll return finit par se perdre et devenir sans consistance.
Il est dommage de voir couper notre aventure par des phases aussi rébarbatives qu’artificielles en partant à la cueillette afin de confectionner des potions dans un mini-jeu mal fichu, peut-être pour justifier les éléments inspirés du Folklore des sorcières et de Blair Witch. Nous nous serions bien passés aussi, à titre d’exemple parmi d’autres, des phases d’escalades et de nombreux Craft sans intérêt se résumant une fois sur deux à décocher des clous et cliquer partout comme dans un vulgaire Point and Click.

La cueillette et l’herboristerie sont redondantes dans l’aventure avec l’atelier du petit chimiste, et cassent littéralement le rythme et l’immersion.
Dans la même veine, les musiques hétéroclites illustrent à merveille ce sentiment schizophrénique, pas toujours en phase avec l’aventure, leur présence rend souvent difficile d’entretenir la peur avec leurs mélopées parfois toutes droites sorties d’une œuvre de fantaisie. Mais ne soyons pas trop dur avec ce manqué de Someday you’ll return. Le studio a au moins le courage de vouloir proposer une expérience originale à l’heure de standardisation à outrance. Si le titre a reçu beaucoup d’attention de la part ses développeurs, constater un résultat moins qu’en demi-teinte est d’autant plus regrettable.
