Aujourd’hui au programme de Culture Underground, nous allons nous intéresser à un titre pour le moins original : Ghost on the Shore. Il s’agit d’un jeu vidéo narratif que l’on doit au studio belge Like Charlie, connu notamment pour une production exploitant sensiblement les mêmes mécaniques, Marie’s Room.
Dans Ghost of the Shore, le joueur incarne Riley, une jeune femme qui navigue en solitaire dans un petit bateau de plaisance, désireuse de prendre un nouveau départ dans la vie. Si la météo semble plutôt clémente, subitement, les conditions se gâtent, et Riley se retrouve piégée dans une tempête.
Après quelques manœuvres, Riley parvient à accoster en catastrophe sur une île à l’abandon et non répertoriée sur les cartes. Un postulat de base qui n’est pas sans rappeler celui de Within Skerry – dont nous vous parlions dans un précédent article. Ici, il n’y a plus aucune trace de vie humaine, le dernier ferry desservant l’île a levé l’ancre en 1980 et chose étrange, les maisons en ruine semblent dater de la fin du XIXe siècle, plutôt déroutant n’est-ce pas ?
Une simple promenade ou une véritable aventure ?
À peine débarqué sur ce qui sont en réalité les îles Rogue, le joueur prendra rapidement ses marques et se laissera happer par cette exploration dont le but est de tenter de lever le voile sur l’identité du fantôme qui vous harcèle – eh oui, il est bien réel et non, Riley n’est pas folle !
Il semble que la voix soit apparue dans votre tête durant la tempête…
Si sur le papier on peut s’attendre à une aventure riche en rebondissements, le résultat est loin d’être à la hauteur. Certes, la progression tient en haleine puisque les différents indices récoltés permettent peu à peu de reconstituer la vie de “Josh” le fantôme de l’île, mais on ne va pas se mentir, ça reste léger. Si les quelques choix à faire dans les dialogues ont un impact sur le développement de l’histoire, on aurait espéré davantage de profondeur et un scénario un peu plus étoffé.
Les choix dans les dialogues ne font pas toujours dans la subtilité…
Côté indices, rien de très palpitant non plus, tous les objets, lettres, et points d’intérêts scintillent, si bien que le joueur ne peut passer à côté et que finalement les rouages de l’intrigue se dessinent assez rapidement…
Vous aimez les jeux vidéo qui sont des simulations de marche ? Vous en aurez pour votre argent !
Le gameplay de Ghost on the Shore est toutefois loin de se limiter à la collecte d’indices et à la petite promenade de santé. Vous aurez aussi droit à différentes apparitions de fantômes des personnages secondaires qui feront revivre leurs souvenirs à Riley. Même si ces apparitions ont tendance à casser le côté linéaire de Ghost on the Shore et à ajouter une note poétique on a l’impression qu’elles n’existent que pour meubler un jeu qui manque de finesse.
Les fantômes de l’île ont tous une histoire à raconter…
Durant toutes ces scènes, le joueur est spectateur et surtout passif comme lorsqu’on est amené à écouter quelques cassettes audio abandonnées dans des bocaux par une femme de l’île. Un manque d’interactivité regrettable qui vient entacher une expérience de jeu qui avait pourtant du potentiel.
En revanche, si l’on aime l’esthétique, à l’instar de Gris dont on ne peut vanter que la direction artistique, Ghost on the Shore présente tout de même des qualités puisque les décors sont tantôt bucoliques, tantôt angoissants et que l’on se laisse finalement assez facilement séduire par l’ambiance.
Une église, un cimetière, quoi de plus inquiétant ?
De plus, Riley dessine au fur et à mesure des esquisses des lieux désolées telles qu’elle se l’imagine ce qui ajoute un point d’originalité à un titre qui reste fondamentalement assez plat. Néanmoins, ces quelques bons côtés sont loin de compenser les défauts majeurs du jeu.
Les férus de dessins pourront contempler les esquisses de Riley, o combien nombreuses.
Ghost on the Shore : un titre qui souffre de nombreux défauts
Si vous faites partie de ces personnes qui craignent de passer à côté d’un jeu parce qu’à un moment ou à un autre, vous tournez en rond et êtes bloqué, rassurez-vous, Ghost on the Shore ne fait pas dans la difficulté. Le chemin est tout tracé, et même si pour arriver dans tel ou tel lieu vous avez parfois une autre alternative, vous arriverez toujours au point B sans encombre et ça c’est fort dommage. Certes, on sent que le but des développeurs n’était pas de faire dans le sensationnel, mais un peu de piment aurait été bienvenu.
Autre point négatif, Josh, le fantôme qui squatte votre tête. À chaque intervention, on a le choix entre être sympa avec lui ou l’envoyer promener, un point de gameplay qui semble structurer l’ensemble, mais en réalité, on se retrouve avec des situations cocasses. Un coup notre personnage Riley est littéralement en rogne la seconde d’après, elle drague Josh lourdement. Bref, soit ce comportement relève de la bipolarité, soit les développeurs ont totalement manqué cet aspect du jeu. La probabilité la plus crédible étant la seconde solution.
Mais ce qui pêche vraiment, c’est que Ghost on the Shore reste finalement très survolé. Des lettres manuscrites, vous allez en lire, des photos de famille, vous allez en regarder, alors, d’accord, c’est sympa pour situer le contexte, mais sinon c’est un peu léger.
Un exemple de lettres parmi tant d’autres…
Des maisons, vous allez aussi en fouiller, mais avec les points lumineux signalant les objets dignes d’intérêt, c’est plié en 5 secondes, et côté énigmes, c’est très rapide également, puisqu’à part dénicher 2 clefs à peine cachées et trouver 1 code, eh bien il n’y a tout simplement rien de plus au menu… Tout au plus les joueurs soucieux de finir le jeu à 100 % trouveront un intérêt à écumer chaque zone de fond en comble pour dénicher le moindre secret.
Pour conclure, si la qualité de Ghost of Shore réside dans son ambiance et que finalement l’exploration de l’île réussit à tenir en haleine, le manque de contenu annexe est étonnant compte tenu des ambitions du titre. Le jeu souffre aussi de sa faible durée de vie – comptez seulement 3 à 4 heures. À peine a‑t-on le temps de s’imprégner des décors, de tenter de reconstituer l’histoire des habitants de l’île et de résoudre les mystères autour de ce curieux personnage dont la voix nous suit, que vient le dénouement, laissant un ensemble de questions sans réponses et un goût amer d’inachevé.