Après avoir testé le très déroutant Inquisitor RPG du studio Cinemax, il est temps de découvrir quelles autres merveilles recèlent les développeurs tchèques. Aujourd’hui nous allons nous intéresser à Amanita design, un studio fondé par Jakub Dvorský, connu pour ces opuscules vidéoludiques délicieusement empreint d’une certaine poésie, notamment Samorost. Le titre qui a retenu notre attention est Machinarium. Le joueur y incarne un petit robot, Josef, expulsé de sa cité et jeté injustement aux ordures comme une simple boîte de conserve. Séparé de sa bien-aimée, Berta, il entend, tel un preux chevalier, aller à sa rescousse. Sur son chemin, il découvre qu’un terrible attentat se prépare…
Si l’intrigue qui façonne le jeu vidéo Machinarium est loin d’être complexe – idem pour le dénouement – elle est amplement suffisante pour s’attacher au personnage et avoir profondément envie de l’aider à résoudre sa quête.
Un univers fait main et de toutes pièces
Ce qui fait sans conteste la particularité de Machinarium, ce sont ses décors soigneusement réalisés à la main. Lors de son périple, le joueur est invité à porter une importance particulière aux détails de chaque carte : des anciennes machines, des mécanoïdes, des robots tous plus délurés les uns que les autres. L’ambiance cyberpunk est retranscrite avec un réalisme déroutant tout en finesse, et l’univers n’a rien à envier aux bandes dessinées les plus plébiscitées.
Certainement à ce jour l’un des plus beaux tableaux de Machinarium.
Aussi, Machinarium est un titre qui joue avec la sensibilité du joueur. Le petit robot, Josef, bien que vivant dans une cité déshumanisée n’a rien à envier à l’altruisme des plus grands hommes. Sans réfléchir, il porte secours aux nécessiteux, à l’instar du vieillard en fauteuil roulant qui nécessite désespérément un peu d’huile, mais aussi à ceux qui le sont un peu moins, comme cet orchestre de rue qui semble rencontrer quelques petits problèmes techniques avec son équipement. En somme chaque tableau est empreint d’une certaine force et de petits clins d’œil qui donnent au jeu un cachet incommensurable. Mais c’est sans compter sur le spleen qui transparaît au détour des ruelles de la cité des robots. Il faut se rendre à l’évidence, Machinarium a un côté profondément triste.
Est-ce l’ambiance dystopique des décors qui donne cette impression de tristesse omniprésente ? Bonne question.
Outre les graphismes qui sont plutôt une belle réussite, la bande-son vient parfaitement compléter l’immersion dans l’univers de Machinarium. Les pistes audio sont diverses et variées, les sonorités industrielles côtoyant à merveille les inspirations robotiques et autres distorsions. Machinarium a un côté intemporel et sans nul doute, même dans plusieurs décennies, n’aura pris aucune ride.
Sur le plan de l’univers graphique et la bande-son, Machinarium est un petit bijou. Il n’est donc pas étonnant que Machinarium ait raflé l’Aesthetics Award à l’IndieCade 2008 et le prix Excellence in Visual Art à l’Independent Games Festival 2009.
Machinarium : un gameplay plutôt typique pour un puzzle game
Point de dialogues dans Machinarium, la partie storytelling est narrée à travers les réminiscences du robot ou au contraire, des projections sous forme de bulles de bande dessinée. Ainsi, on évolue dans Machinarium comme s’il s’agissait d’un roman graphique ce qui est, avons-le, une expérience des plus plaisantes. Josef, le petit robot peut arborer trois tailles afin de résoudre les diverses énigmes sur son chemin. Rien de très novateur, mais cela ajoute un brin de difficulté à l’aventure. Dans sa forme plus allongée, le robot se déplace très lentement ce qui corse l’enchaînement de certaines actions où le timing tient une place à part entière.
Pratique la forme haute, mais peu maniable…
Outre cela, la plupart des quêtes se limitent à la fabrication d’objets grâce à des combinaisons. Un robot dépressif dans une cellule vous demandera par exemple de lui fabriquer une petite-cigarette-qui-rend-joyeux en échange du prêt de son bras qui vous sera fort utile.
Comment fabriquer une cigarette-qui-rend-joyeux en prison ? Eh bien la réponse est simple : du papier toilette, des algues de tuyaux séchées main à la lampe et le résultat est plutôt satisfaisant…
Une dame-robot souhaite retrouver son chien égaré. “Qu’elle le cherche elle-même vous direz-vous”. Certes, sauf qu’elle possède un parapluie qu’il vous faut absolument pour traverser une trombe d’eau et aller plus en avant dans votre périple. Il vous faut donc fabriquer une sorte de pistolet-grappin pour parvenir à attraper son chien, qui à première vue, n’a aucune envie de retrouver sa maîtresse.
Dans Machinarium, chaque petit objet du quotidien peut être la solution à une énigme.
Aussi, dans Machinarium, les énigmes sont pléthore. Il peut s’agit de résoudre des puzzles, des casse-têtes ou de tout autre élément où la logique, la mémoire et la réflexion sont mises à rude épreuve.
Une énigme pas très difficile à résoudre.
Si l’inspiration vous manque ou que vous trépignez d’impatience à l’idée d’aller consulter la soluce, deux solutions s’offrent à vous. La première est un indice (utilisable une fois par niveau) sous forme de bande dessinée. Toutefois son utilité est bien souvent limitée puisque soit vous avez déjà résolu cette partie de la carte, soit cet élément intervient bien plus tard. Hormis cela, Marchinarium laisse la possibilité au joueur de débloquer la soluce complète d’une carte, en échange d’une brève partie de shoot ’em all qui, soit dit en passant, est d’une difficulté quasi absente. Une fois le mini-jeu validé, le saint Graal est à vous, ne vous reste plus qu’à le déchiffrer pour avancer dans votre périple. Question mérite, inutile de se vanter !
Les soluces sont présentées sous forme de bande dessinée, ce qui ne fait que renforcer la force de la direction artistique de Machinarium.