karaoké Disco Elysium

Disco Elysium : notre test

Dernière mise à jour:
karaoké Disco Elysium
Date de sortie
15 octo­bre 2019
Développeur
ZA/UM
Édi­teur
ZA/UM
Plates-formes
PlaySta­tion 4, Nin­ten­do Switch, PlaySta­tion 5, Xbox One, Mac OS, Microsoft Windows
Caté­gories
RPG, jeu de rôle
Notre score
3

S’il y a bien un jeu vidéo qui a large­ment fait par­ler de lui à sa sor­tie, c’est Dis­co Ely­si­um. Encen­sé par la presse vidéoludique, con­sid­éré par cer­tains comme un « chef d’œuvre absolu », par d’autres comme un « RPG intel­li­gent et auda­cieux » ou encore comme « le jeu de rôle sur PC qui ringardise tous les autres », ce titre pro­duit par le stu­dio estonien ZA/UM a incon­testable­ment fait des émules – prin­ci­pale­ment chez le pub­lic anglo­phone puisqu’il a fal­lu atten­dre décem­bre 2020 pour jouir d’une tra­duc­tion française. Et il faut avouer que cette ver­sion française est plutôt bien­v­enue puisque Dis­co Ely­si­um ne con­tient pas moins de 1 mil­lion de mots ce qui cor­re­spond en matière de vol­ume à l’intégrale de la saga Har­ry Pot­ter. Bref, les allergiques à la lec­ture et aux RPG ver­beux pour­ront d’emblée pass­er leur chemin.

L’alcool c’est mal m’voyez

Après avoir choisi un des 3 arché­types pro­posés par le jeu – philosophe, sen­si­ble, physique – ou avoir créé le vôtre, vous vous réveillez pénible­ment dans une cham­bre d’hôtel sens dessus dessous, avec un seul slip blanc cachant à peine votre atti­rail. Vous ne savez ni où vous êtes ni qui vous êtes. Votre mémoire aus­si bien sur le court que le long terme est altérée : la seule chose dont vous êtes cer­tain c’est que vous émergez d’une bonne cuite comme en témoigne le mal de crâne per­sis­tant et le flot de cadavres de bouteille à vos pieds. 

Ça c’est une sacrée cuite !

La pre­mière tâche et pas des moin­dres est de retrou­ver vos fringues et essay­er d’en savoir plus sur ce qui s’est réelle­ment passé la nuit dernière. Une fois une once d’esprit retrou­vé, vous quit­tez votre cham­bre et tombez nez à nez avec une femme à laque­lle votre pre­mier réflexe sera de faire une propo­si­tion salace. Elle vous four­nit une infor­ma­tion cap­i­tale : vous êtes flic. Le ton est don­né, Dis­co Ely­si­um ne fait pas dans la finesse et vous êtes con­damné à incar­n­er un gros déchet alcoolique et amnésique. Heureuse­ment, le lieu­tenant Kim, votre plus fidèle bras droit, a pour prin­ci­pale mis­sion de réfrén­er vos pen­chants pour l’alcool et les sub­stances psy­chotropes et aus­si de vous empêch­er de par­tir en sucette à chaque occa­sion. En effet, une tâche des plus impor­tantes vous a été con­fiée : résoudre un meurtre.

Une auto­motrice ? Qu’est-ce que c’est que cette machine infernale ?

Mais, com­ment dia­ble résoudre un meurtre lorsque non seule­ment on n’a aucune idée de son iden­tité, ni du monde dans lequel on évolue, ni même de ce qu’un flic doit faire pour résoudre une enquête ? Surtout lorsque led­it flic a per­du son insigne et son flingue… Eh bien en cau­sant bien sûr et en inspec­tant chaque détail de son envi­ron­nement ! Voilà dans les grandes lignes ce qui vous attend dans Dis­co Ely­si­um. Reste à savoir si vous serez plutôt du genre “bon flic” ou plutôt celui qui a un attrait par­ti­c­uli­er pour les pots de vin !

Disco Elysium, une sacrée dystopie

Vous l’aurez com­pris, les pre­miers pas seront plutôt dif­fi­ciles puisqu’il s’agit d’intégrer un flot d’in­for­ma­tions sur l’histoire de Réva­chol, sur la nature des dif­férentes fac­tions et des dif­férends qui les opposent, le tout entre­coupé de soubre­sauts de dia­logues intérieurs très rich­es. Vos organes ont ten­dance à vous causer tout autant que les cra­vates et divers­es fringues du jeu, mais égale­ment votre con­science qui ne tar­it pas de log­or­rhées. Au fil de ses dis­cus­sions, le joueur aura donc tout le loisir de s’inventer des opin­ions poli­tiques et de partager aus­si bien des idées néo-libéral­istes que plutôt com­mu­nistes ou au con­traire, de rester neutre.

D’ailleurs, le tiroir à réflex­ions qui agit comme un véri­ta­ble arbre de tal­ents annexe et qui octroie des bonus tem­po­raires per­met non seule­ment de creuser le lore du beau jeu de rôles qu’est Dis­co Elysium.

Le tiroir à réflex­ions, par­fois votre meilleur ami, par­fois votre pire ennemi…

Le joueur pour­ra aus­si se façon­ner un car­ac­tère com­bat­if et acter une réelle volon­té de change­ment ou décider pure­ment et sim­ple­ment d’être un flic raté voire même un ripou.

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Si vous daignez l’é­couter, un gros dur vous appren­dra la “théorie des races…” 

Dis­co Ely­si­um promet­tait “Une lib­erté de choix sans précé­dent” et sur ce plan-là c’est réus­si, mais… Si l’enchaînement des répliques est plutôt con­clu­ant et influe aus­si bien sur le lore que sur le devenir de cer­tains per­son­nages prin­ci­paux, il n’a que peu d’impact sur le back­ground du per­son­nage qui, quelles que soient les déci­sions pris­es et les efforts four­nis pour être un bon flic, reste con­sid­éré par tous les PNJ comme un alcoo­lo notoire et irrécupérable. Que le per­son­nage ne puisse pas être créé sur mesure, soit, c’est d’ailleurs le cas dans la plu­part des RPG, mais qu’il soit impos­si­ble de le façon­ner ou de lui don­ner un back­ground plus fort est un gros point noir. La sen­sa­tion de lib­erté paraît, d’un coup, plus super­fi­cielle et il est d’autant plus dif­fi­cile de s’attacher à ce dis­co-flic. 

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L’al­cool nuit grave­ment à la beaugossitude… !

Un gameplay franchement pas commun

Revenons-en à ce qui fait l’originalité de Dis­co Ely­si­um : son game­play. Ici pas de bas­ton, pas de gros flingue ni de grosse armure. Résoudre le meurtre néces­site d’être atten­tif à ce qui vous entoure – en main­tenant la touche TAB des élé­ments appa­raîtront en sur­bril­lance, cer­tains du type « le décor a encore frap­pé », d’autres essen­tiels à votre enquête. Ce qui oblige le joueur à faire preuve non seule­ment de patience, mais aus­si à met­tre à prof­it sa curiosité pour inspecter chaque coin. Pour avancer dans votre enquête, chaque indice compte et Dis­co Ely­si­um n’en tar­it pas. Cer­tains objets sont même incon­tourn­ables et inter­a­gir avec vous réservera de belles et par­fois humoristes surprises !

Les PNJ sont égale­ment une grande source d’information et si le bavardage est essen­tiel pour en savoir plus sur Réva­chol, les jets de dés per­me­t­tent réelle­ment de faire un bond en avant. Il en existe de deux types : les lancers rouges qui ne peu­vent être ten­tés qu’une fois – mieux vaut donc être rodé dans la com­pé­tence – et les lancers blancs qui peu­vent être réitérés chaque fois que vous gag­nez un niveau dans ladite compétence.

arbre de talents Disco Elysium

Les jets de dés dépen­dent de vos tal­ents. Il y en a 24 dans Dis­co Elysium. 

Toute­fois n’e­spérez pas qu’ils vous atten­dent bien sage­ment à toute heure du jour ou de la nuit. Dans Dis­co Ely­si­um, l’heure et le jour ont une pro­fonde impor­tance et selon le moment où vous vous trou­verez dans telle ou telle zone, les oppor­tu­nités qui s’of­frent à vous ne seront pas les mêmes ! D’ailleurs, il faut not­er que le temps ne s’é­coule que lorsque vous êtes en dia­logue, les déplace­ments ne comptent pas.

Cer­tains objets en plus du tiroir à réflex­ions per­me­t­tent d’améliorer ces tal­ents et de met­tre donc toutes les chances de son côté pour réus­sir un jet. Sinon, il reste bien évidem­ment la pos­si­bil­ité de se pro­cur­er un peu d’alcool ou de drogue pour boost­er ses per­for­mances. Cepen­dant, si vous choi­sis­sez cette voie votre bien aimé col­lègue Kim risque un peu de tir­er la gueule.

Disco Elysium

Dans Dis­co Ely­si­um, on peut quand même avoir la classe.

Du potentiel, mais…

Le côté résol­u­ment ver­beux de Dis­co Ely­si­um est incon­testable­ment une force et place le titre au niveau d’un « livre dont vous êtes le héros » ou plutôt compte tenu des cir­con­stances un anti-héros. Si l’intrigue du meurtre qui con­stitue la quête prin­ci­pale est plutôt bien ficelée, le reste regorge de faib­less­es. L’ambiance décalée et franche­ment som­bre de Dis­co Ely­si­um laisse au bout de quelques heures place à une pro­fonde las­si­tude. Certes, on peut se taper une barre en shootant dans une boîte aux let­tres ou en faisant un dis­co-karaoké, mais si on ne partage pas les délires des développeurs, on n’accroche mal­heureuse­ment pas au jeu.

karaoké Disco Elysium

Un flic dis­co-star, de quoi met­tre la foule en désir…

Les réflex­ions du per­son­nage relèvent par­fois de la philoso­phie du comp­toir et on a la vague impres­sion que ces log­or­rhées n’existent que pour meubler les faib­less­es du jeu qui manque cru­elle­ment de sur­prise et de cachet. Si cer­taines quêtes sec­ondaires à l’instar de celle de l’église aban­don­née ou de la cryp­to­zo­olo­gie sont franche­ment fun, d’autres ne con­sis­tent qu’en des aller-retour inces­sants et franche­ment bar­bants compte tenu du pathfind­ing capricieux. Heureusement/malheureusement, Dis­co Ely­si­um ne pro­pose que deux prin­ci­pales zones à explor­er, ce qui laisse un peu sur sa faim.

Pour combler l’en­nui, vous pou­vez tou­jours vous promen­er à poil dans une librairie…

Si l’idée que le temps est pré­cieux et que chaque minute compte est une prise de par­tie auda­cieuse, lorsque le joueur a besoin de le pass­er pour déclencher tel ou tel événe­ment, il est par­fois dif­fi­cile de trou­ver des astuces pour sauter quelques heures. Aus­si, aucun per­son­nage sec­ondaire n’est franche­ment tran­scen­dant si ce n’est quelques gamins dont les voix sont magis­trale­ment doublées.

Quant au dénoue­ment de l’enquête qui con­stitue la sec­onde par­tie du jeu, il paraît bâclé. Sans trop en dire et bien que quelques indices aient été semés au cours de l’investigation, la con­clu­sion com­porte trop d’éléments ex nihi­lo ce qui est con­traire aux règles des intrigues poli­cières. Dis­co Ely­si­um était un pari risqué et trou­vera sans nul doute son pub­lic. Pass­er à côté serait se priv­er d’une expéri­ence vidéoludique nova­trice et dans l’ensemble intéres­sante, mais loin de mérit­er ample­ment tous les lau­ri­ers qui lui sont décernés.

karaoké Disco Elysium
Dis­co Ely­si­um The Final Cut : Notre avis
Pour con­clure :
Dis­co Ely­si­um est un RPG orig­i­nal, avec un lore poussé et une cer­taine recherche quant à la crédi­bil­ité de l’environnement. Les dif­férentes pos­si­bil­ités de dia­logue, d’arbre de tal­ents lais­sent une cer­taine lib­erté au joueur… en sur­face. Si vous voulez pass­er une trentaine d’heures dans une ambiance per­chée sur fond de dystopie, fon­cez. Tout n’est pas à jeter, loin de là, mais quant à la ques­tion de savoir si l’on aura envie d’y rejouer dans quelques mois, la réponse est non. 
Les +
Un univers franche­ment per­ché avec quelques élé­ments fan­tas­tiques et rétro futuristes.
Des graphismes empreints d’une cer­taine pat­te artistique .
Des quêtes annex­es généreuses et qui per­me­t­tent par­fois de faire des décou­vertes hilarantes.
Un lore poussé et tra­vail­lé et qui tient le joueur en haleine.
Les petites réflex­ions qui fusent de l’esprit du per­son­nage et qui per­me­t­tent de mieux appréhen­der le décor.
Un scé­nario orig­i­nal en dehors des car­cans habituels.
L’absence de sys­tème de combat.
Un per­son­nage prin­ci­pal finale­ment “attachi­ant”.
Les -
Les déplace­ments par­fois com­pliqués et un per­son­nage qui se heurte au décor.
Le jeu s’essouffle au bout du deux­ième jour in game.
Seule­ment 2 cartes prin­ci­pales à explorer.
Des quêtes qui con­sis­tent par­fois à faire plusieurs aller-retours d’un point A à un point B. 
Des per­son­nages sec­ondaires poussés en apparence mais en fait résol­u­ment vides.
Beau­coup de blabla pour pas grand chose et un rush final linéaire.
Des con­clu­sions ou révéla­tions sor­ties ex-nihilo.
Une écri­t­ure par­fois pré­ten­tieuse et beau­coup de philoso­phie de comptoir.
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