
Helpless
Lorsque l’on n’est pas du genre sociable, quoi de mieux pour occuper son samedi soir par temps pluvieux, que trouver le prochain jeu d’horreur sur lequel s’aventurer pendant que le reste du monde ragote autour de bières chaudes ? On est comme ça sur Culture Underground. Pour cette fois, ça sera Helpless, un petit jeu indépendant fraîchement débarqué qui nous a intrigués avec son style volontairement d’un autre âge.
Hôpital psychiatrique et horreur, grande histoire d’amour
À croire que dans le jeu vidéo, horreur et hôpital psychiatrique désaffecté sont indissociables. Sans fioriture, Helpless nous place dans le cœur de l’intrigue dès la première minute avec un simple résumé des faits : nous incarnons un journaliste d’investigation qui, après de multiples témoignages sur des disparitions inquiétantes, décide d’aller enquêter sur les lieux. Sobre, efficace et sans plus d’originalité, une entrée en matière qui a de quoi me plaire mes mauvais jours.
Une enquête, un hôpital désaffecté. Le décor est planté
Avec une simple lampe torche, sans inventaire, l’aventure de Helpless a tout de celle d’un jeu indépendant réduit à son plus simple appareil, mais bien orchestré. Le sinistre hôpital se dévoile peu à peu, au prix de quelques énigmes certes peu originales, mais suffisantes pour nous forcer à explorer un peu plus profondément ses couloirs humides. Si la peur n’est pas insoutenable, une certaine tension parvient tout de même à s’installer durant la progression. Nous le verrons, le parti pris des graphismes joue beaucoup sur ce point. Sur la question de l’immersion encore, soutenons néanmoins l’idée que quelques objets, quelques lettres ou traces de vie supplémentaires laissées de part et d’autre de notre route auraient été bienvenues.
Une session d’Urbex horrifique, dans un style rétro
Sans autre façon, ce sont les graphismes de Helpless qui m’ont de prime abord poussé à m’intéresser au jeu. Volontairement daté, ressemblant à ceux de l’âge d’or de la PlayStation éponyme, Helpless surprend instantanément avec ce charme des années 1990 remis au goût du jour, le tout avec la fluidité des machines actuelles. Car voilà bien longtemps que je le dis, en dehors d’un certain Visage m’ayant littéralement bluffé cette année, les jeux d’horreur, c’est mieux quand c’est moche ! Enfin, entendons-nous bien, moche mais néanmoins maîtrisé. Un bon jeu d’horreur n’a aucunement besoin de trop lisser ses graphismes pour être réussi, encore moins susciter la peur chez le joueur.
Car si évidemment, tous les jeux de ce style placent le joueur en tant que proie pour provoquer une tension, le grain sale de l’image joue lui aussi un rôle important sur cet aspect. Voilà pourquoi, un certain Resident Evil 4 sera toujours bien plus appréciable sur Gamecube écran cathodique que dans sa version remastérisée Xbox One écran plat dernier cri ! Et cela, grâce au grain mes amis.
Graphiquement Helpless est très convaincant, avec ce grain d’un autre âge remis au-devant de la scène.
Petite digression pour dire que c’est sur ses graphismes vieillots que Helpless joue avec brio. Granuleux à souhait, le titre parvient à proposer une ambiance convaincante et stimulante pour l’imagination. Musicalement, rien de bien faramineux, mais encore une fois de l’efficace : air de Dark Ambient minimaliste tout le long de l’intrigue, surmonté de quelques pics d’adrénaline lorsque nécessaire.
Les morgues et les salles d’eau, un traquenard que les habitués du genre horrifique connaissent bien.
Helpless est un jeu minimaliste, mais honnête
Alors, est-ce suffisant pour faire de ce Helpless un grand jeu ? Bien évidemment que non. L’histoire reste trop simpliste pour y prétendre et le titre est affreusement court. Du côté du gameplay, aucune folie non plus à rapporter, le titre est simple au possible, mais droit.
Peu de fioritures dans ce Helpless, mais le tout reste plaisant.
Peut-être aurions-nous aimé profiter d’une aventure se développant sur plusieurs niveaux, plusieurs environnements. Avec ses graphismes originaux et réussis, il est vrai que le titre se prêtait parfaitement à d’autres fantaisies, comme une introduction dans les bois, un laboratoire ou que sais-je, histoire de rester dans le cliché ? Dommage !
La rejouabilité elle aussi n’est pas au rendez-vous. Si la mort dans ce jeu est synonyme de case départ, une fois les scripts connus la progression n’aura plus de secrets pour vous. Question Gameplay, si la pureté n’est pas un crime, impossible de ne pas penser à l’ajout d’un simple inventaire, voire de quelques énigmes un peu plus poussées ! Le tout reste quand même très simple et vous passerez une grande partie de votre temps à chercher une clé ou une porte ! Sans trop en dévoiler, l’intelligence artificielle est elle aussi peu développée et ne joue pas en cette faveur.
Autant de petits détails qui nous rappellent que Helpless appartient bien au registre des jeux indépendants, mais sans que cela ne ternisse le plaisir d’une réalisation globalement bonne.
Certains classiques de l’horreur restent indémodables.
