Gris jeu vidéo

Gris, une odyssée avant-gardiste empreinte de poésie ?

Dernière mise à jour:
Gris jeu vidéo
Date de sortie
13 décem­bre 2018
Développeur
Noma­da Studio
Édi­teur
Devolver Dig­i­tal
Plates-formes
Nin­ten­do Switch, PlaySta­tion 4, Android, Microsoft Win­dows, Mac OS
Caté­gorie
Plate-forme
Notre score
2

Gris PC

“Toile de maître”, “ode à la douceur”, “la pépite indépen­dante”, bref s’il y a bien un titre pour lequel les com­pli­ments ne man­quent pas, c’est bien Gris, sor­ti le 13 décem­bre 2018 sur PC et con­soles, dévelop­pé par un stu­dio basé à Barcelone : Noma­da Stu­dio. Bref, les avis sem­blent unanimes, et les super­lat­ifs car­ac­térisant cet opus­cule ô com­bi­en avant-gardiste se comptent par dizaine. L’en­goue­ment pour Gris est indé­ni­able­ment pal­pa­ble comme en témoignent les cri­tiques pos­i­tives de la presse vidéoludique. Mais qu’a donc de si par­ti­c­uli­er un tel jeu de plate-forme ? Cul­ture Under­ground a mené l’en­quête pour vous.

Une direction artistique qui a du corps

Avant de s’at­ta­quer aux tré­fonds de Gris, il con­vient de s’in­téress­er à la trame de fond du titre, bien qu’elle mette l’ac­cent plutôt sur le côté con­ceptuel que sur une quel­conque nar­ra­tion. Les férus de jeux vidéo ver­beux pour­ront pass­er leur chemin puisque dans Gris la pro­gres­sion se can­tonne à un ensem­ble de sen­sa­tions et d’émo­tions véhiculées par la qual­ité des ani­ma­tions et des décors, sans omet­tre la bande-son signée par le groupe pop barcelon­ais Berlin­ist. En bref, dans Gris, le joueur incar­ne une jeune femme ayant per­du sa voix, gisant dans la paume d’une stat­ue qui s’é­ti­ole. S’en suit une sorte de déliques­cence et de descente en enfer guidée par une intro­spec­tion qui rythme l’aven­ture. L’héroïne appa­raît dès les pre­mières min­utes comme pro­fondé­ment affaib­lie, livrée à soi-même dans une expéri­ence onirique.

Si vous n’ac­crochez pas à l’esthé­tique du design, autant laiss­er tomber puisqu’elle représente l’essence même de Gris.

Ensuite, le joueur est trans­porté de tableau en tableau, tout d’abord mono­chromes puis bicol­ores, tri­col­ores et ain­si de suite selon les dif­férentes énigmes résolues. Par énigmes, on est loin des casse-têtes d’un Machi­nar­i­um, ici on est plutôt sur un plate-formeur dont le but reste de ramass­er des espèces de sphères qui déblo­quent des chemins en forme de “con­stel­la­tion”.

Les orbes ramassées ouvrent de nou­velles perspectives… 

Pour cela, l’héroïne doit bris­er des rocs et faire preuve de dis­cerne­ment pour jon­gler entre les dif­férents élé­ments espérant déblay­er une voie prat­i­ca­ble pour dénich­er le petit orbe tant recher­ché. Gris est aus­si sim­ple que cela. D’ailleurs, impos­si­ble de tomber sur un Game Over, de chuter mortelle­ment ou d’a­ban­don­ner face à une énigme tant en quelques min­utes la solu­tion s’im­pose comme une évi­dence. Si la dif­fi­culté se corse dans les niveaux aqua­tiques où l’héroïne est amenée à défi­er les lois de la grav­ité, elle reste tous le long de l’aventure large­ment acces­si­ble, le lev­el design étant pen­sé pour être plutôt intuitif.

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Il faut tout de même quelques instants pour saisir qu’il est pos­si­ble de se déplac­er entre les dif­férents plans.

Gris : Parce que la direction artistique n’est pas le seul critère…

Si durant les quelques min­utes de jeu, le joueur est indé­ni­able­ment hap­pé dans les tour­bil­lons de Gris, partagé entre une cer­taine fas­ci­na­tion pour l’héroïne, sen­si­ble­ment affaib­lie et pas du tout alerte quant aux péripéties qui l’at­ten­dent, cette sen­sa­tion de décou­verte et d’é­ton­nement laisse assez rapi­de­ment place à une pro­fonde lassitude. 

Certes, chaque tableau est plutôt déroutant quant au niveau de détail et au pro­fond cachet qui en émane, mais cela se révèle large­ment insuff­isant pour tenir le joueur en haleine.

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Cer­tains décors sont sur­prenants et méri­tent d’être vantés.

Par­fois, l’on se plaît des min­utes durant à suiv­re l’er­rance de cette jeune fille aphone à tra­vers des décors assez inédits, puis arbi­traire­ment on est trans­porté à un autre tableau sans trop com­pren­dre son util­ité si ce n’est visuelle. L’adage “le décor a encore frap­pé” con­vient par­faite­ment à Gris puisque à regret, énor­mé­ment de tableaux qui sont plutôt d’une beauté tran­scen­dante ne présen­tent aucun point d’in­ter­ac­tion voire pire, sont même tout à fait dis­pens­ables pour la suite de l’aventure.

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Un des pas­sages de Gris les plus sub­juguant et pourtant…

Et c’est bien dom­mage pour un titre où la con­tem­pla­tion tient une place à part entière. Néan­moins, par­fois ces élé­ments sont indis­pens­ables à la com­plé­tion d’un tableau, men­tion spé­ciale pour l’e­spèce de tem­pête de sable qui parvient à faire hériss­er les poils des joueurs même les plus téméraires de par son aspect inquié­tant. En fait, pour espér­er saisir l’essence de Gris, il ne faut pas tant se focalis­er sur son game­play que plutôt prof­iter des dif­férents tableaux. Amorcer une réflex­ion, lâch­er prise et s’a­ban­don­ner à la rêver­ie… Gris est une per­for­mance artis­tique inter­ac­tive à laque­lle soit on adhère, soit on n’adhère pas.

La soli­tude de l’héroïne est par­fois brisée par d’in­tri­g­antes créatures.

Gris jeu vidéo
Gris : Notre Avis
Pour con­clure
Gris est à mon sens l’exemple typ­ique d’un titre qui tend à intro­duire une cer­taine philoso­phie ou spir­i­tu­al­ité dans le jeu vidéo. Si la moti­va­tion est tout à fait hon­or­able, je per­siste à dire que quand bien même la qual­ité du design ou la pro­fondeur de la bande-son est omniprésente tout ceci demeure insuff­isant pour espér­er pro­pos­er au com­mun des mor­tels un titre qui mérite une autre qual­i­fi­ca­tion que celle de « passable ».
Les +
Une direc­tion artis­tique plutôt inspirée et qui a du cachet.
Une bande-son illus­trant à mer­veille les dif­férents tableaux édul­corés (ou non) de Gris.
Les -
Un scé­nario à l’intérêt limite.
Plus une invite à la con­tem­pla­tion et à l’introspection qu’autre chose.
Une dif­fi­culté inex­is­tante et des énigmes faciles à résoudre.
Une durée de vie lim­itée tout juste suff­isante pour pal­li­er la las­si­tude due à la qua­si-absence de gameplay.
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