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Guérilla, le jour où tout s’embrasa, Laurent Obertone — ed. Ring

Guérilla, un roman d’anticipation ?

C’est avec Guéril­la, le jour où tout s’embrasa de Lau­rent Ober­tone que je décou­vre les édi­tions Ring.

C’est en flâ­nant aus­si, dans les rayons d’une librairie que je fus attirée par la cou­ver­ture assez per­cu­tante et par le résumé promet­teur du livre : un roman d’an­tic­i­pa­tion, s’in­scrivant par­faite­ment dans l’actualité.

Dès les pre­mières pages, Guéril­la nous plonge dans une lanci­nante dystopie.  La France entière est bien pen­sante, on ne par­le plus de migrants, mais d’it­inérants, on ne par­le plus de ter­ror­isme, mais d’actes isolés, le flics sont les grands méchants, les racailles de cités les grandes vic­times,  les femmes (fémin­istes) se font insul­ter à longueur de journée et ne brochent pas, c’est nor­mal, il faut “les com­pren­dre”. On assiste à une France soumise au poli­tique­ment cor­rect aux agres­sions, à la manip­u­la­tion des médias.

La struc­ture du réc­it est orig­i­nale : l’ou­vrage est découpé en plusieurs réc­its imbriqués : on suit dif­férents per­son­nages, de la blogueuse bien pen­sante, aux anti-fa, des mil­i­tants végans, au compt­able qui par un con­cours de cir­con­stances s’of­fre une nou­velle vie dans ce chaos, du ter­ror­iste, qui dans un élan de lucid­ité porte sec­ours à une femme enceinte à un vieux colonel qui aban­donne sa femme pour sauver une fillette.

La lec­ture fut rapi­de : impos­si­ble de l’in­ter­rompre, le livre est prenant, dérangeant et surtout com­porte beau­coup de simil­i­tudes avec les faits actuels. On s’in­ter­roge : est-ce une prophétie ?

Tout le long de l’ou­vrage, nous faisons face à un style presque sar­cas­tique. Chaque phrase est courte, mais cinglante, on lit Guéril­la, comme on lirait un car­net de bord, ou un jour­nal intime.

Cer­taines scènes sont explicites, malaisantes, mais pour­tant font preuve d’une cer­taine pudeur. Ober­tone ne fait pas dans le trash au niveau des descrip­tions, ce sont les faits qui le sont.

En bref une lec­ture qui ne laisse pas de mar­bre. Cer­tains y ver­ront un ouvrage de pro­pa­gande, d’autre une fic­tion dystopique d’an­tic­i­pa­tion qui tire la son­nette d’alarme. Lisez Guéril­la et posez-vous les bonnes ques­tions : la France bien pen­sante n’est-elle pas en train de courir à sa pro­pre perte ?

Les +

  • idées, réc­it intéressant,
  • sorte d’hu­mour noir omniprésent,
  • du choc, sans trop en faire.

Les -

  • per­son­nages clichés (même si cela se jus­ti­fie, compte tenu du mes­sage du livre),
  • style quelque peu “jour­nal intime” pas assez lit­téraire à mon goût.

Extrait du livre

Je vais te dire ce qui se passe. Il n’est plus ques­tion de l’habituelle petite guerre entre touristes et ter­ror­istes. La folie est lâchée dans les rues. Cette nuit tout sera pil­lé, détru­it, sans dis­tinc­tion ni logique. Les itinérants et assim­ilés s’en don­neront à cœur joie. Les petits Blancs des villes ont pris fait et cause pour ces mal­heureuses vic­times de la société, comme nous le leur avons appris. Les petits Blancs des champs se tairont et atten­dront, parce qu’ils ne savent faire que cela. Pen­dant ce temps, le ter­ror­isme va don­ner tout ce qu’il a, de peur de se faire vol­eras ter­reur et son chaos. Tous les employés qui font que ce pays tourne ne vont pas ris­quer leur peau pour leur tra­vail de merde. Ils res­teront chez eux. Il n’y aura plus de trans­ports, de ser­vice, de com­mu­ni­ca­tions, d’ap­pro­vi­sion­nements. Tous les cir­cuits seront coupés. Finis les médica­ments, la nour­ri­t­ure, le gaz, l’essence, l’eau potable, l’élec­tric­ité, Inter­net, le télé­phone, les sec­ours, la police… Tout va s’ef­fon­dr­er. La ville va pren­dre feu. Des incendies gigan­tesques, puisqu’au­cun pom­pi­er ne fera plus son tra­vail, puisqu’au­cun flic ne fera plus respecter la moin­dre loi. Ils seront livrés à eux-mêmes, ou affec­tés à des postes stratégiques pri­or­i­taires, qui ne con­sis­tent plus qu’à pro­téger les gens comme nous. Ailleurs, ce sera cha­cun pour soi. La rue est déjà livrée aux tirs, aux couteaux et aux flammes. Les mou­tons se ter­reront chez eux, où chercheront à fuir. Quant à nous, qui par­lions hier de la France, parce que nous avions besoin de sa sueur pour pay­er nos orgies, nous devons l’a­ban­don­ner au plus vite. Nous seuls en avons les moyens.

Note globale de Guérilla, le jour où tout s’embrasa

 

Un livre cri­ant de vérité sur le fond, mais sur la forme man­quant de profondeur.

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