Dans la vieille Angleterre, une orpheline maudite par le don de cristalliser les pouvoirs de ses ennemis part à la conquête d’un vieux château gothique, afin d’y affronter son alter ego funeste Gebel. Primaire, le pitch donne cependant le ton et il n’en faut pas plus pour convaincre tout bon amateur du genre de partir à la conquête de cette aventure pleine de promesses, avec l’ancien producteur de Castlevania aux commandes.
Bloodstained : Ritual of the Night, une rapide désillusion
Après une rapide introduction narrative aux illustrations dispensables, le jeu de plateforme commence in medias res à bord d’un navire infesté d’ennemis. La prise en main est correcte, et notre protagoniste prénommé Miriam commence à démolir quelques ennemis à l’aide de ses coups de pied. Un tour dans les menus, tout semble OK, nous retrouvons cet aspect RPG qui fait le charme de cette catégorie de jeu : présence d’une fiche de personnage, de caractéristiques, possibilité d’équiper armes, armures, et différents sortilèges ici récupérés sous la forme de cristaux sur nos adversaires vaincus.

Un menu complet, mais inexploité durant l’aventure.
On se dit alors super, toutes les bases sont là. Pourtant après quelques heures de jeux, nous sommes toujours dans l’attente d’un véritable départ dans l’action et le plaisir lui, est absent sans véritablement parvenir à comprendre pourquoi à ce stade de l’aventure.

Une première rencontre.
Une bonne recette avec de mauvais ingrédients
Je ne déplore pas le choix des développeurs de placer l’action dans un vieux château aux allures gothiques. Cette facilité n’est pas sujette à critique à mon sens, car c’est toujours un plaisir de plonger dans ce style d’univers. Encore fallait-il que cette décision soit justifiée par une bonne dose d’inspiration ! Et là, c’est le grand bal de la désillusion, on n’y croit pas. Les graphismes ne sont ni moches, ni beaux, mais affreusement génériques, sans saveur. Les animations sont grossières. Difficilement pardonnable lorsqu’en 1997 déjà Castlevania : Symphony of the Night nous laissait des souvenirs impérissables avec sa fantaisie noire.
Même les musiques, pourtant promises comme inoubliables et orchestrées par de grands noms de l’industrie, parviennent à ne transmettre aucune émotion. Elles finissent même rapidement par demeurer abrutissantes et peu variées au point de devoir couper le son, et se répètent inlassablement même lorsque la situation ne s’y prête pas.
Le chara-design ne parvient pas non plus à relever la pente. Passons les PNJ plus qu’anecdotiques, et attardons-nous un instant sur notre protagoniste Miriam. Sérieusement ! Quand il s’agit de nettoyer littéralement un château en déglinguant des démons à tour de bras, envoyez à minima une femme fatale ou rendez-nous les chevaliers de cape et d’épée ! Car, devoir incarner une gamine en jupe semblant tout droit sorti d’un clip de K‑POP, mais combattant comme un Action Man, c’est tout sauf crédible, tout sauf jouissif et énervant au possible. Par-dessus le lot, impossible d’afficher une vraie armure pour cacher la misère. Des robes, des robes et encore des robes, par contre on a la possibilité de modifier la couleur et la coupe de nos cheveux. Peut-être certains pourraient se reconvertir dans la coiffure. Citez d’autres ennemis au style très douteux comme les Lili en oreille de lapin ou les têtes de Westy et vous voilà définitivement sorti du cadre du jeu.

Une fière guerrière en jupe ! L’armure parfaite !
Des fonctionnalités inutiles
Les salles du château s’enchaînent, et l’exploration se résume à affronter des ennemis certes variés, mais sans réel intérêt. Les Boss ne nécessitent que peu de stratégie et hormis celui de la vraie fin, vous en viendrez à bout sans grands efforts en les bourrant de votre meilleure technique. Les armes et les techniques d’ailleurs sont très nombreuses, mais nous finissons l’aventure avec seulement une poignée des meilleurs d’entre elles. Cela souligne un manquement grave à l’équilibrage, un cristal comme Souffle Infernal balayera tous vos ennemis du début à la fin.

Des Boss parfois sympathiques, mais gâchés par des stratégies peu variées.
Passons le système de conception d’armes, d’armures, de cuisine et d’amélioration des cristaux qui ne sont que de la fumée, car totalement dispensables pour finir l’aventure. Tous les objets ramassés ne sont finalement que de la quincaille destinée à la revente pour vous acheter des potions de soins. Même les caractéristiques de résistances aux éléments ne trouvent aucune utilité au cours de l’histoire. Tout ceci fait de Bloodstained un jeu avec plein de bonnes intentions, plein de bonnes idées, mais totalement sous-exploitées et donc parasitaires. À vouloir trop en faire, le tout laisse vraiment un sentiment d’inachevé.

L’amélioration des cristaux, comme le craft des armes et armures est anecdotique pour terminer l’aventure.
Heureusement, le personnage de Miriam reste relativement agréable à contrôler et se déplace plutôt bien. Le titre dispose d’une bonne durée de vie surtout si comme moi vous appréciez chercher les 1000G, comptez une trentaine d’heures.
Le pitch est anecdotique et tient sur un Post-it. Mais pas de problème ! Ce n’est pas un critère valable pour ce type de jeu. Par contre, la succession de dialogues insipides que l’on finit par passer inlassablement l’est beaucoup plus, avec des PNJ ayant l’épaisseur d’une carpette. Notons aussi des errances dans la traduction, détail qui, une fois encore, témoigne du soin apporté à la production.

L’un des nombreux dialogues avec des PNJ peu inspirant.
