sanitarium néant

Sanitarium : notre test

Dernière mise à jour:
sanitarium néant
Date de sortie
30 avril 1998
Développeur
Dream­Forge Intertainment
Édi­teur
DotE­mu pour la ver­sion testée
Plates-formes
Microsoft Win­dows, Android, iOS
Caté­gories
Aven­ture, horreur
Notre score
5

Réclamez votre aller simple pour l’asile de fous !

Il y a cer­tains types de jeux vidéo qui sont de véri­ta­bles chefs-d’œu­vre mais qui n’ont pas eu pour X ou Y raisons, le suc­cès escomp­té. Eh bien c’est le cas de San­i­tair­i­um que nous allons redé­cou­vrir aujour­d’hui, un bon oldie tout droit venu de l’époque d’or des pro­duc­tions vidéoludiques, à la fin des années 1990. Pour la petite anec­dote, à sa sor­tie, San­i­tair­i­um a déchaîné les foudres de l’as­so­ci­a­tion Familles de France qui a jugé que devoir déter­rer les cadavres d’en­fants était bien trop vio­lent comme game­play, même si cette petite spé­ci­ficité est loin de résumer la richesse du titre. 

Résul­tat des cours­es, le jeu a été retiré de la cir­cu­la­tion seule­ment une semaine après sa mise en vente, et même si la cen­sure s’est tassée, San­i­tar­i­um n’a pas eu droit à son heure de gloire comme il l’au­rait mérité.

Qu’im­porte, en 2015 le jeu a été porté sur Android et iOS offrant ain­si la pos­si­bil­ité au com­mun des mor­tels de pass­er quelques heures dans un univers décalé et pro­fondé­ment empreint de folie.

Bienvenue à l’asile

asile sanitarium

Ça pour être un asile, c’est un asile !

Une alarme stri­dente vous tire de votre sommeil/coma, vous ouvrez les yeux et vous voilà en plein cœur d’un antre de fous. Qui êtes-vous ? Vous n’en avez pas la moin­dre idée. Tout juste vous sou­venez-vous que vous avez été vic­time d’un acci­dent de la route. Dans quelles cir­con­stances ? Vous n’en savez pas plus si ce n’est que vous avez per­du le con­trôle de votre véhicule dans un virage – une ciné­ma­tique est là pour vous rafraîchir la mémoire. Peut-être est-ce un rêve ? Pour­tant des ban­dages cou­vrent entière­ment votre vis­age… Et si vous étiez en réal­ité un patient de l’asile psy­chi­a­trique ? Voilà tant de ques­tions qui res­teront sans répons­es un bon bout du scénario !

Bref, le fait est qu’à pre­mière vue, vous vous trou­vez dans une sit­u­a­tion plutôt déli­cate, certes tou­jours moins déli­cate que celle du fou qui se tape la tête con­tre le mur jusqu’au sang, mais quand même ! L’en­droit est sale, il sent le moisi, vos com­pagnons d’in­for­tune sont tous aus­si barges les uns que les autres… Une chose est cer­taine, il vous faut sor­tir d’i­ci et rapidement.

Dès les pre­miers instants de jeu, San­i­tar­i­um plonge le joueur dans une atmo­sphère déroutante, pleine d’an­goisse, et pro­fondé­ment malaisante. S’il y a des jeux où il faut du temps pour se laiss­er hap­per par l’u­nivers ou par le scé­nario, ici c’est immé­di­ate­ment que l’on se sent saisi d’une envie irré­sistible de pro­gress­er et surtout de décou­vrir qui est réelle­ment le per­son­nage que l’on incar­ne ! Et ici, vous en avez pour votre argent, l’aven­ture étant divisée en 13 chapitres dif­férents, cha­cun avec son pro­pre univers, ses énigmes à résoudre, ses puz­zles à recon­stituer et surtout, cha­cun représen­tant un pas de plus vers la réap­pro­pri­a­tion de votre mémoire. Pour pro­gress­er, il n’y a pas mille et une manières. Il vous faut chercher dans le décor tout objet qui pour­rait s’avér­er utile – c’est un point and click après tout … –, mais aus­si ten­ter de com­mu­ni­quer avec des PNJ, aux­quels il manque sou­vent plus qu’une seule case, et ça, c’est plus difficile…

La foi soigne la folie, non ?

Sanitarium : entre rêve et réalité, il n’y a qu’une mince barrière

Après avoir pris vos mar­ques, vous parvien­drez à sor­tir de l’asile à l’aide d’une stat­ue d’ange – du moins c’est ce que l’on vous lais­sera croire – pour décou­vrir de nou­veaux hori­zons tous plus déroutants les uns que les autres. La seule attache que vous aurez à la réal­ité, ce sont vos flashs­backs récur­rents – sous forme de ciné­ma­tiques – dont un pre­mier vous livr­era une infor­ma­tion essen­tielle : votre prénom, Max.

À peine le pre­mier chapitre quit­té, vous plongez dans un décor encore plus sin­istre que celui du pre­mier tableau. Un vil­lage sans adulte avec des enfants défor­més par on ne sait quel mal, une fil­lette avec deux jambes de bois qui fait de la corde à sauter comme si de rien n’é­tait, un cer­cle d’en­fant autour d’une cit­rouille qui chante, l’hor­loge de l’é­cole dont les aigu­illes tour­nent à l’en­vers, tout dans San­i­tar­i­um est pen­sé pour met­tre le jour mal à l’aise. Entre les voix d’en­fants – qui vous suiv­ent même dans le menu du jeu – leurs plaisan­ter­ies sin­istres et leurs chants qui ren­trent dans votre tête jusqu’à vous faire devenir zinzin, c’est votre pro­pre san­té men­tale qui risque d’en pâtir – il ne s’ag­it pour­tant que du deux­ième tableau !

Après avoir joué à San­i­tar­i­um, vous ne ver­rez plus jamais les cit­rouilles du même œil…

Tant le dou­blage des per­son­nages que la bande-son d’am­biance ou encore les textes sont extrême­ment bien léchés, si bien qu’on se laisse porter dans les méan­dres du sub­con­scient de ce per­son­nage qui a tant à révéler. C’est une ambiance mal­saine que l’on retrou­ve tout au long de l’aven­ture, à ne plus savoir si c’est vous qui êtes fou ou le monde qui l’est ! Au fil de vos péré­gri­na­tions, vous serez aus­si amené à quit­ter tem­po­raire­ment votre enveloppe cor­porelle pour incar­n­er une fil­lette, une sorte de cyc­lope super baraqué et un dieu aztèque, toutes ayant un lieu étroit avec votre passé…

Un cirque dans un jeu d’hor­reur a tou­jours un côté creepy…

Un gameplay loin d’être linéaire pour un point and click

Si les férus d’ac­tion ne trou­veront pas dans San­i­tar­i­um chaus­sure à leur pied, c’est en réal­ité le décor en 3D isométrique et l’am­biance mor­bide qui fait tout le charme du jeu. Les dia­logues avec les PNJ, empreints d’hu­mour et par­fois de poésie, se dégus­tent comme un bon livre d’hor­reur et comblent cette soli­tude que l’on ressent intrin­sèque­ment tout au long de la partie.

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Dans San­i­tar­i­um, vous aurez l’oc­ca­sion de causer avec des cadavres, et ils sont plutôt loquaces !

Tout ce que vous voyez et tout ce que vous vivez n’est en fait qu’une métaphore ou un sou­venir défor­mé de folie. Pour rétablir la vérité, il faut résoudre chaque tableau, ponc­tué d’énigmes de tout type. Pas vrai­ment de quoi cass­er trois pattes à un canard, mais c’est plutôt un bon point, si l’on recherche un jeu sans frus­tra­tions et où con­sul­ter la soluce reste option­nel. Votre mis­sion prin­ci­pale est d’ex­am­in­er votre envi­ron­nement et d’in­ter­a­gir avec. Vous avez aus­si l’op­por­tu­nité de col­lecter quelques objets pour les utilis­er à bon escient.

Votre inven­taire ne sera que rarement aus­si bien fourni…

On peut d’ailleurs soulign­er que sur ce point, il est assez dif­fi­cile de rester blo­qué dans sa pro­gres­sion puisqu’il suf­fit de cli­quer sur “l’œil” pour avoir un aperçu des zones dignes d’in­térêt. Dans cer­tains cas, il ne s’ag­it que d’élé­ments de décor, dans d’autres, ce sont des décou­vertes essen­tielles pour avancer dans l’aventure.

San­i­tar­i­um vous offre un aperçu des points à explor­er plus en profondeur.

Toute­fois, ces indi­ca­tions ne con­stituent pas une soluce. En effet, pour résoudre cer­taines énigmes, il faut faire appel à son bon sens et à la logique, par­fois même, il vous fau­dra jon­gler entre vos dif­férentes enveloppes cor­porelles pour arriv­er à vos fins ! Cette fonc­tion­nal­ité de San­i­tar­i­um n’a donc pas voca­tion à sim­pli­fi­er l’ex­péri­ence de jeu, mais plutôt à la ren­dre plus acces­si­ble pour ceux qui recherchent une expéri­ence flu­ide et riche en émo­tions ! Surtout, elle n’est d’au­cune util­ité pour les phas­es d’ac­tion qui d’ailleurs représen­tent l’un des seuls points noirs du titre.

Les lasers ne sont pas très bons pour un Dieu aztèque. 

Sani­ratium n’est pas un jeu com­pliqué si vous lisez atten­tive­ment ce que vous racon­tent les PNJ. La plu­part des répons­es fig­urent dans leurs dis­cours. Cepen­dant, de temps à autre, vous serez con­fron­té à des tableaux où il vous fau­dra vous mon­tr­er réac­t­if. Un épou­van­tail géant à com­bat­tre, des lasers à éviter, une course con­tre la mon­tre, si ces pas­sages ne sont pas essen­tiels à l’essence du jeu, ils appor­tent une dif­fi­culté sup­plé­men­taire, mal­heureuse­ment mal dosée puisque le per­son­nage est assez dur à con­trôler. Mais après tout, il faut bien que San­i­tar­i­um affiche quelques défauts ! La bonne nou­velle étant qu’un échec reste assez peu punitif.

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Serait-ce le néant qui n’emporte ?

En bref, même si Sani­ratium n’a rien d’un RPG et que la pro­gres­sion reste de manière générale linéaire, c’est tout un voy­age dans les con­fins de l’al­ié­na­tion qui est ici offert au joueur durant 13 chapitres, tous ayant leur grain. Para­doxale­ment, plus on en apprend sur le héros prin­ci­pal, plus le chemin vers la lucid­ité sem­ble nous échap­per, le monde bas­cu­lant à chaque instant un peu plus dans la folie. Arriverez-vous à l’outrepass­er ? Ça, c’est à vous d’en décider.

San­i­tar­i­um a été testé sur iPad.

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Sani­ratium : Notre avis
Pour con­clure :
San­i­tar­i­um fait par­tie de ces titres qu’il est dif­fi­cile d’effacer de sa mémoire tant l’expérience reste prenante. Si l’horreur, la folie, et le fan­tas­tique sont des thé­ma­tiques qui vous par­lent, si vous n’êtes pas réti­cent à vous lancer dans un titre qui a déjà souf­flé plus de 20 bou­gies, San­i­tar­i­um saura vous offrir des moments de jeu prenants et résol­u­ment inou­bli­ables. Un décor macabre, des per­son­nages sor­dides mais à la fois hauts en couleur, un dou­blage qui vous fera faire des cauchemars… Bref, un juteux programme.
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Les +
Un univers com­plète­ment loufoque, gore et par­fois dérangeant.
Un dou­blage des voix FR plutôt réus­si, chaque per­son­nage ayant sa pro­pre into­na­tion et sa matière de parler.
Un scé­nario qui tient en haleine grâce à la diver­sité de décor et d’ambiance des 13 chapitres.
Un game­play rel­a­tive­ment sim­ple mais pimen­té par la pos­si­bil­ité de jouer plusieurs enveloppes corporelles.
Une bande-son juste ce qu’il faut, dis­crète et à la fois immersive.
Quelques ciné­ma­tiques qui font pro­gress­er l’histoire, dévoilant pro­gres­sive­ment l’identité du héros.
Des énigmes bien dosées, assez dif­fi­ciles pour être intéres­santes, mais qui ne néces­si­tent pas de recourir à la soluce toutes les 5 minutes.
Les -
Un per­son­nage par­fois dif­fi­cile à contrôler.
Pas de rejouabilité.
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