Neverwinter Nights : Enhanced Edition

Neverwinter Nights : Enhanced Edition : notre test

Dernière mise à jour:
Neverwinter Nights : Enhanced Edition
Date de sortie
27 mars 2018
Développeur
BioWare, Beam­dog (ver­sion EE)
Édi­teur
Atari Inc., Beam­dog (ver­sion EE)
Plates-formes
Microsoft Win­dows, iOS
Caté­gories
jeu de rôle, RPG
Notre score
2

Nev­er­win­ter Nights n’est pas un titre né de la dernière pluie, loin de là. Sor­ti en 2002, dévelop­pé par BioWare à qui l’on doit, entre autres, les très prisés Baldur’s Gate et Star Wars Knight of the Old Repub­lic, le titre se présente comme une sorte de Baldur’s Gate, mais en 3D grâce au moteur Auro­ra Engine qui out­re le fait d’être fourni avec un édi­teur de niveau, per­met de mod­i­fi­er les scripts per­me­t­tant de ce fait la créa­tion de mod­ules complexes.

Il faut l’avouer, si c’est une bonne nou­velle pour cer­tains, il est légitime de se deman­der si toutes ces gour­man­dis­es ne nuisent pas à la qual­ité de la cam­pagne solo. Bref, Nev­er­win­ter Nights s’inscrit dans un con­texte où seul près d’un tiers des Français avaient une con­nex­ion inter­net, où face à la demande crois­sante le jeu de rôle PC cherche à se renou­vel­er et où les prémices des MMORPG com­men­cent timide­ment à s’installer – World of War­craft n’étant sor­ti qu’en 2004. Mais que peut-on atten­dre d’un jeu de niche paru à une époque où la volon­té des développeurs était de démoc­ra­tis­er les RPG ? La réponse dans ce test de Cul­ture Underground.

Une liberté presque absolue pour la création du personnage

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Nev­er­win­ter Nights est plutôt généreux sur le choix de la classe.

Comme dans tout RPG digne de ce nom, l’aven­ture de Nev­er­win­ter Nights débute par la créa­tion du per­son­nage et de ce côté-là, le joueur est plutôt bien servi. Out­re le choix assez généreux des races – on retrou­ve les incon­tourn­ables du légendaire de Tolkien et même plus encore –, le choix des class­es dépasse les espérances les plus folles.

Les puristes pour­ront créer un guer­ri­er, un bar­bare, un rôdeur, un ensor­celeur, un magi­cien, un moine, un barde, un druide, un barde, un rou­blard et ceux qui aiment la fan­taisie pour­ront expéri­menter les sous-class­es sur lequel Nev­er­win­ter Nights ne lésine pas – dire le con­traire serait men­tir : Assas­sin, Cheva­lier noir, Maître d’arme, Maître blême, etc. sans oubli­er les mul­ti­class­es. Si vous avez la flemme ou que le sys­tème vous paraît trop com­pliqué, vous pou­vez tou­jours utilis­er le bou­ton “Recom­mandé”. À not­er que l’ac­cès à cer­taines class­es est soumis à l’aligne­ment qu’il con­vient de choisir judi­cieuse­ment. Vous avez le choix entre les tra­di­tion­nels loyal/neutre/mauvais et /bon/neutre/chaotique ce qui offre pas moins de 9 possibilités.

Une campagne principale plutôt linéaire

Bien­v­enue à Pad­hiv­er (ou Nev­er­win­ter), une cité rav­agée par la mort hurlante, une espèce de mal­adie auquel les autorités ten­tent dés­espéré­ment de trou­ver un remède. Chaque quarti­er se vide peu à peu avec, compte tenu des cir­con­stances, l’émer­gence de rébel­lions, de zones de non-droit gan­grénées par la pègre et tout ce qui en découle faisant plan­er plus qu’un vent de mal-être sur Pad­hiv­er. Seul le quarti­er des aris­to­crates (les rich­es ne con­nais­sent pas la crise) le vit plutôt bien et les habi­tants ont pour habi­tude de se diver­tir dans un sin­istre zoo. Votre mis­sion : récupér­er les com­posants du remède qui sont en fait des “bouts” de créa­tures d’Eaupro­fonde et les ramen­er comme un bon toutou à Dame Aribeth.

D’ac­cord, d’ac­cord, je vais ramen­er vos machins, mais j’e­spère que c’est bien payé…

Pour cela, il vous fau­dra explor­er les 4 zones de Pad­hiv­er : le nid des men­di­ants, le quarti­er de la Pénin­sule, Lac­noir et les Docks en suiv­ant tou­jours le sché­ma suiv­ant : zigouiller tout le monde + occire un mini boss pour récupér­er l’in­gré­di­ent. Un peu linéraire, n’est-ce pas ? Mais qu’im­porte, peut-être que les quêtes sec­ondaires sont plus pal­pi­tantes et ça tombe bien, j’ai mis plein de points d’xp dans les capac­ités sociales ! Eh bien non, il en est de même pour les quêtes sec­ondaires qui ne cassent pas trois pattes à un canard. Déman­tel­er un culte secret ? Super, on va buter tout le monde ! Retrou­ver un frère dis­paru ? Oups, il est mort, bon ben on va quand même ramen­er son bâton et son bouquin à son aîné pour grap­piller un peu d’or pour se stuff. Bref, vos capac­ités sociales ser­vent à que dalle, si ce n’est pour grat­ter des thunes. Et ne comptez pas sur la suite des aven­tures pour être plus pal­pi­tantes, Nev­er­win­ter Nights est plat, du début jusqu’à la fin. On est loin d’être sur un Atom RPG dont l’in­térêt devient véri­ta­ble­ment pal­pa­ble au bout de quelques heures.

Générale­ment dans un RPG, lorsqu’on retrou­ve un PNJ dont le nom est inspiré d’un per­son­nage emblé­ma­tique de la mytholo­gie, c’est que cela annonce une quête pal­pi­tante. Spoil : ce n’est pas le cas dans Nev­er­win­ter Nights.

Neverwinter Nights : de la baston, encore de la baston !

Dans Nev­er­win­ter Nights, des com­bats, vous allez en faire et ce même, si vous aimez vous la jouer diplo­mate. En effet, con­traire­ment à un Baldur’s Gate où vous pou­vez vous dépêtr­er d’une sit­u­a­tion en faisant preuve d’un peu de finesse, ici dans la plu­part des cas, le dénoue­ment dépend de votre capac­ité à manière l’épée ou des sorts qui se trou­vent dans votre très cher livre de magi­cien. Bien évidem­ment, vous pou­vez user de petites potions mag­iques pour faire pencher un com­bat en votre faveur, appel­er à la rescousse votre fam­i­li­er si votre classe le per­met (un chien démo­ni­aque, une pan­thère, un dia­blotin, une fée, vous avez l’embarras du choix) ou invo­quer une créature.

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Nev­er­win­ter Nights offre un large choix de fam­i­liers si toute­fois votre classe s’y prête.

Nev­er­win­ter Nights étant ven­du comme un RPG avec « les règles offi­cielles de Don­jons et drag­ons » où le joueur est invité à « dévelop­per les dia­logues des per­son­nages non joueurs pour vivre une expéri­ence unique et per­son­nelle » on s’attend à, out­re à la lib­erté de la créa­tion du per­son­nage, de la nar­ra­tion avec une pro­fondeur sur laque­lle les choix ont une quel­conque impor­tance. Eh bien désolée, c’est loupé. Certes vous pou­vez per­suad­er le concierge d’un cimetière de vous don­ner la clef d’un mau­solée, mais si ça loupe, un coup d’épée sur la tête et c’est réglé. On aura vu plus pro­fond comme choix ne serait-ce que dans Planescape Tor­ment, Tides of Numen­era, ou même Icewind Dale. À croire que les développeurs ont mis l’accent sur le mode mul­ti­joueur, la pos­si­bil­ité de mod­er Nev­er­win­ter Nights, même pour un néo­phyte ou sur je-ne-sais-quoi‑d’autre. OK, pourquoi pas, mais quand j’achète un jeu ven­du avec une cam­pagne solo, c’est quand même la qual­ité de cette dernière que je juge. Bref, si vous voulez un titre qui prône la bas­ton et que le rôle play vous importe peu pourquoi pas.

recruter un compagnon neverwinter nights

“Salut, tu veux venir avec moi ?” / “Ouais ça fera 150 po.”

Aus­si, Nev­er­win­ter Nights offre la pos­si­bil­ité de s’adjoindre les ser­vices d’un com­pagnon. Toute­fois, ne nous atten­dez pas à partager des dis­cus­sions tran­scen­dantes avec eux, cela n’arrivera pas. Si dans Baldur’s Gate les com­pagnons avaient cha­cun un back­ground assez poussé, qu’il leur arrivait de faire part de leurs opin­ions sur vos déci­sions ou encore la marche à suiv­re pour pro­gress­er, que si vos hor­mones vous tra­vail­laient, une romance étant même envis­age­able, ici, il n’en est rien. Déjà, pas besoin de se creuser la tête pour en recruter un, sortez votre bourse dans une tav­erne, et vous aurez de la com­pag­nie. À not­er qu’il n’est pos­si­ble que de recruter un com­pagnon à la fois, le but étant de pal­li­er les faib­less­es de votre per­son­nage. Enfin, en théorie.

Gare aux grosses fesses de votre compagnon

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Mais pousse-toi donc, tu vois pas que je vais crever !!!

S’il y a une chose éner­vante au pos­si­ble dans Nev­er­win­ter Nights, c’est bien le body block de votre com­pagnon. Il suf­fit de vous faire pren­dre en tenaille par les enne­mis, pour être coincé et subir leur cour­roux sans avoir d’échappatoire. Alors oui, je suis d’accord, le place­ment est pri­mor­dial lors des phas­es de com­bats. Mais par­fois, lorsqu’on est pris au dépourvu et qu’une horde d’ennemis s’abat sur nous, il est presque impos­si­ble de se plac­er comme il faut. Et pour sor­tir de cette sit­u­a­tion, impos­si­ble puisque le séant imposant de notre com­pagnon barre la route ! Cela, ajouté au fait que le per­son­nage se bloque régulière­ment dans le décor et qu’en matière de mani­a­bil­ité et de joua­bil­ité on aura vu mieux, fait de Nev­er­win­ter Nights un opus­cule plutôt passable.

La mort n’est pas définitive dans Neverwinter Nights

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Voilà ce qui arrive quand on ne regarde pas où on met ses pieds !

Dans Nev­er­win­ter Nights, la mort est plutôt courante et s’il est tou­jours pos­si­ble de charg­er une anci­enne sauve­g­arde et repren­dre l’aven­ture, vous avez aus­si l’al­ter­na­tive de ressus­citer moyen­nant 50 XP et 10 % de votre or (en mode facile) ou encore d’an­ticiper le décès en vous télé­por­tant dans un lieu sûr grâce la pierre de rappel.

Si dans cer­tains titres à l’in­star de Tides of Numen­era, mourir apporte du con­tenu sup­plé­men­taire et se révèle être un pas­sage obligé pour le lore du jeu, ici il s’ag­it d’une sim­ple facil­ité dont on a vite ten­dance à abuser. Vous êtes alors rap­a­trié au tem­ple de Heaume le plus proche où il vous est pos­si­ble de faire le plein de potions tout en retrou­vant votre com­pagnon fraîche­ment revenu de l’au-delà, puis pour­rez être à nou­veau télé­porté à l’en­droit de votre décès. Néan­moins, chaque fois, vous aurez droit à une leçon de morale infan­til­isante du prêtre présent sur place qui vous met­tra 100 % en garde sur le fait qu’il vaut peut-être mieux vous entraîn­er un peu mieux ou vous équiper avant de repar­tir au front.

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Quand une phrase com­mence par “J’ai quelque chose à vous dire” cela ne présage jamais rien de bon…

Cela nous amène à la dernière faib­lesse de Nev­er­win­ter Nights : la néces­sité con­stante de repos pour régénér­er le cooldown de vos capac­ités spé­ciales. Si dans la plu­part des RPG, rien n’est gra­tu­it et qu’il est vive­ment con­seil­lé de bal­ancer ses sorts avec parci­monie, ici nous sommes dans un titre plutôt ori­en­té com­bat et de ce fait, il aurait été appré­cia­ble de pou­voir enchaîn­er quelques com­bats sans se repos­er toutes les deux sec­on­des. Bien évidem­ment, vous avez tou­jours la solu­tion d’ex­pédi­er votre com­pagnon et vos invo­ca­tions pour net­toy­er la zone, mais reste à savoir com­ment occu­per intel­ligem­ment son cerveau durant ce laps de temps, si ce n’est observ­er religieuse­ment la scène…

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Se repos­er prend quand même quelques sec­on­des pen­dant lesquelles vous avez vite fait d’avoir envie de faire une sieste…

En bref, un titre promet­teur sur le papi­er, mais extrême­ment déce­vant. Si à l’époque, prof­iter d’un jeu de rôle en 3D était peut-être assim­i­l­able à une mini-révo­lu­tion, cela demeure large­ment insuff­isant pour faire de Nev­er­win­ter Nights, un RPG méri­tant le détour. La cam­pagne solo est linéaire au pos­si­ble, l’univers est loin d’être tran­scen­dant, et les dia­logues out­re leur côté niais man­quent d’embranchements. Si l’on aime les com­bats, autant se tourn­er vers un Icewind Dale, un Titan Quest ou même un Dia­blo, au moins on en aura pour son argent.

Neverwinter Nights : Enhanced Edition
Nev­er­win­ter Nights : Enhanced Edi­tion : Notre avis
Pour con­clure :
Si ce test a pro­fondé­ment déçu les fans de la licence, j’en suis pro­fondé­ment désolée, vis­i­ble­ment Nev­er­win­ter Nights fait par­tie des annales à en croire les cri­tiques qui l’encensent. Mais à mon sens il ne suf­fit pas d’intégrer quelques lignes de dia­logues et des choix binaires pour faire d’un opus un RPG immer­sif avec un monde dans lequel on se fait à évoluer.
Note des lecteurs0 Note
pepitepepitepepitepepitepepite
Les +
Une lib­erté de créa­tion de per­son­nage assez surprenante.
Cer­tains PNJ sont dou­blés même en ver­sion française.
La ver­sion Enhanced Edi­tion est livrée avec les deux exten­sions en VF (Shad­ows of Undren­tide et Hordes of the Under­dark) ain­si que les mod­ules crées par des joueurs ce qui apporte encore une dizaine d’heures de durée de vie.
Quelques zones et ren­con­tres sont plutôt sympathiques.
Les -
Une cam­pagne solo qui manque cru­elle­ment de cachet.
Des com­pagnons qui ont la pro­fondeur d’un bot.
Des quêtes sec­ondaires plutôt linéaires et sans grand intérêt.
L’impossibilité de revenir aux zones précé­dentes une fois le chapitre achevé.
L’alignement du per­son­nage reste sous-exploité.
Des PNJ pas trop bavards sans profondeur.
Le côté jeu de rôle réduit au min­i­mum syndical.
Un sys­tème de com­bat au mieux pass­able et un per­son­nage pas très maniable.
Un dénoue­ment binaire et manichéen.
pepitepepitepepitepepitepepite
2
  1. La force de nev­er­win­ter night n’est pas dans la cam­pagne solo.
    Ce qui a fait que ce jeu fait tou­jours des émules est son édi­teur et la pos­si­bil­ité de repro­duire cer­tain mécan­isme du jeu de rôle papi­er avec les mécan­ismes de dnd.
    La cam­pagne n’a pas changé d’un pouce depuis la créa­tion du jeu… les anciens joueurs qui se sont rués pour acheter l’en­hanced edi­tion en l’ont en aucun cas fait dans l’at­tente d’une mise à jour des cam­pagnes offi­cielles… (qui sont amu­santes une fois… mais sans plus)

    Mais bien pour les nom­breuses mis­es à jour, cor­rec­tions et nou­velles pos­si­bil­ités don­nées par l’édi­teur, auquel vous n’avez accordé aucune attention.
    Il per­met de créer des mod­ules per­sis­tants avec d’in­finies pos­si­bil­ités… il y en a pour tous les coups… mod­ules arènes pvp, action, rôle play…

    Le moin­dre détail peut être mod­i­fié via l’édi­teur : les règles d’xp, l’in­flu­ence de l’aligne­ment sur les réac­tions des pnj, les inter­rac­tions avec l’en­vi­ron­nement, les règles de respawn (ou l’ab­sence de pos­si­bil­ité de respawn… ren­dant la mort du per­son­nage unique et défini­tive), les straté­gies des pnj en com­bat, l’ar­ti­sanat, la magie, les armures et vête­ments des per­son­nages… des mod­èles créés par les fans sont échangés, per­me­t­tant de rajouter des créa­tures, apparences de per­son­nages, mobili­er… des tielsets pour de nou­veaux types de maps…
    La pos­si­bil­ité de créer de nou­velles class­es et races de per­son­nage, juste en mod­i­fi­ant quelques fichiers… que l’on peut ouvrir avec un sim­ple notepadd !

    De la à recréer l’am­biance d’une table de jeu de rôle, il n’y a qu’un pas.

    Bref… par­ler de nev­er­win­ter night sans par­ler de la per­son­al­i­sa­tion et de la pos­si­bil­ité de créa­tion orig­i­nale, n’ayant pour unique lim­ite que l’imag­i­na­tion d’une com­mu­nauté qui vit depuis… la sor­tie du jeu original !

    ce serait comme par­ler de mag­ic sans par­ler des cartes.

    1. Bon­jour Hektor,

      Mer­ci pour ce com­men­taire enrichissant. C’est intéres­sant d’avoir un point de vue dif­férent sur ce titre. 

      Eh bien si l’édi­teur offre ce genre de pos­si­bil­ités c’est tout à son hon­neur. Cepen­dant cette fonc­tion­nal­ité s’adresse plutôt aux rôlistes qui veu­lent exploiter ce sup­port comme vous dites, pour recréer l’am­biance d’une “table de jeu de rôle”. Et tout le monde n’a pas néces­saire­ment cette ambi­tion. Pour un joueur qui veut sim­ple­ment prof­iter de l’u­nivers pour faire la cam­pagne solo, eh bien il risque d’être déçu. Pour­tant il y a tous les élé­ments qui auraient pu en faire un bon Baldur’s-like.

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