La forêt de Pago

La Forêt de Pago : notre test

Dernière mise à jour:
La forêt de Pago
Date de sortie
24 sep­tem­bre 2020
Développeur
Futurtech
Édi­teur
Nova’s Army
Plates-formes
Microsoft Win­dows
Caté­gories
Jeu édu­catif
Notre score
2

Si le test de jeux édu­cat­ifs n’est pas for­cé­ment la spé­cial­ité de Cul­ture Under­ground, c’est avec grand intérêt que nous nous sommes penchés sur le pre­mier volet de La Forêt de Pago : La Vengeance du Drag­on, un titre dont le but est de par­faire sa con­nais­sance du présent de l’indicatif et plus générale­ment de la con­ju­gai­son. À tra­vers une aven­ture nar­ra­tive inspirée des car­cans hero­ic fan­ta­sy. La Forêt de Pago est l’œuvre de Julien, pro­gram­meur, chef de l’entreprise Futurtech, et de Brigitte Chaudet, enseignante à la retraite, un gage de qual­ité pour tous ceux qui ont la cri­tique facile… Alors, sortez votre Bescherelle, relisez vos fich­es de cours avant de rejoin­dre les per­son­nages édul­corés de Pago !

Une folle aventure, des combats, mais surtout… des réponses à cocher

Avez-vous hâte de tester vos acquis en langue française ? Pas si vite. Il vous faut d’abord choisir un « pro­fil ». D’abord, mais c’est quoi la dif­férence ? Eh bien aucune idée… Tout juste pou­vons-nous sup­pos­er qu’il s’agit de la classe des sorts util­isés par le per­son­nage principal…

Bien­v­enue à Pago ! C’est parti ! 

Enfin… pas tout à fait, il faut d’abord pren­dre con­nais­sance des règles. En fait, il n’y a pas à pro­pre­ment par­ler de game­play si ce n’est de cli­quer sur la bonne réponse. Certes, on est sur un jeu édu­catif, mais un peu plus d’originalité n’aurait pas été du luxe. C’est l’une des faib­less­es de La Forêt de Pago : La Vengeance du Drag­on et qui risque de rebuter les joueurs les plus motivés. On aurait pu s’attendre à quelques ciné­ma­tiques et à une par­tie nar­ra­tive à défaut de pou­voir con­trôler le personnage.

Certes, le jeu ne lésine pas sur les ani­ma­tions : gros drag­on, boule de feu, sorts de magie, empreintes par­fois d’une touche d’humour comme le pas­sage chez les mages où cer­tains se font explos­er des objets à la gueule, ni sur quelques élé­ments d’histoire per­son­nelle des per­son­nages. On appren­dra par exem­ple que les par­ents de Flo­ra, l’héroïne, ont été tué par les mages noirs… ce qui finale­ment per­met de dis­tinguer La Forêt de Pago : La Vengeance du Drag­on d’une sim­ple leçon de français. Mais dans l’ensemble il manque quelque chose.

Que serait un univers hero­ic fan­ta­sy sans son sem­piter­nel drag­on ? Bonne nou­velle, celui-ci est par­ti­c­ulière­ment réussi.

Et c’est bien dom­mage puisque l’histoire est char­mante et que le joueur prend plaisir à avancer dans les dif­férents chapitres. Le scé­nario est assez sim­ple : le mod­este vil­lage où vous résidez depuis des années en paix est détru­it par un drag­on très en colère. Il vous incombe de décou­vrir ses pro­fondes moti­va­tions tout en vous entourant des bons alliés pour répar­er cette injus­tice. La Forêt de Pago : La Vengeance du Drag­on est un titre plein de poten­tiel qui aurait pu, en tra­vail­lant davan­tage le con­cept, faire des émules.

Voici un exem­ple de choix que vous avez à faire. 

Chaque chapitre ou presque se déroule dans un cadre dif­férent, ce qui donne un cer­tain cachet à l’univers. Néan­moins, rap­pelons-le, le game­play ne tient que sur des phras­es à trous, qui s’enchaînent par­fois un peu trop lente­ment. Aus­si, ces fameuses phras­es à com­pléter auraient pu être mis­es en forme de manière plus recher­chée. Pourquoi ne pas avoir sim­ple­ment ajouté le por­trait du per­son­nage qui par­le à la place de met­tre son nom ? 

Et le fameux lex­ique cen­sé aider les plus jeunes à se famil­iaris­er avec les déf­i­ni­tions est plutôt indi­geste qu’autre chose. Les développeurs auraient pu imag­in­er sim­ple­ment un cadre qui appa­raît lorsqu’on passe sa souris sur led­it mot…

Tout au long de l’aventure, vous pou­vez appuy­er sur la touche « l » du clavier pour ouvrir le lex­ique et le con­sul­ter à votre guise.

Dans la con­ti­nu­ité des choses indi­gestes il y a aus­si les expli­ca­tions en fin de chapitre sur les dif­férentes règles de gram­maire et de con­ju­gai­son révisées ici et là qui, je pense, seront sim­ple­ment ignorées par les enfants qui jouent sans l’accompagnement d’un parent.

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Fon­da­men­tale­ment les expli­ca­tions sont claires, mais la mise en forme a de quoi rebuter les apprenants les plus téméraires…

Même chose lorsqu’on clique sur la mau­vaise réponse… On sent qu’il y a une volon­té intrin­sèque des développeurs de met­tre l’accent sur les ver­tus éduca­tives de ce jeu, ce qui, hélas, pal­lie le côté ludique que l’on aurait aimé plus pronon­cé. Et si par mal­heur dans un même chapitre vous sélec­tion­nez trois mau­vais­es répons­es… le jeu vous ren­voie en début de chapitre.

Pour tout vous dire, je ne sai­sis ni l’intérêt ni la péd­a­gogie dans ce choix de game­play. Peut-être aurait-il été plus con­struc­tif de ren­voy­er le joueur vers un niveau « bonus » pour revoir telle ou telle règle de français…

Franche­ment, il m’en faut un peu plus que « encore un petit effort » pour cul­tiv­er ma moti­va­tion...

L’orthographe c’est bien, mais quid du reste ?

Il me paraît aus­si essen­tiel d’analyser ce qui fait l’essence de ce jeu : les cours d’orthographe. Sur ce point-là, La Forêt de Pago : La Vengeance du Drag­on rem­plit sa mis­sion. Et mer­ci aux développeurs d’avoir choisi la gra­phie tra­di­tion­nelle du français et non la rec­ti­fiée. Quant à la valeur péd­a­gogique des dif­férents niveaux, elle a de quoi faire pâlir les pro­fesseurs les plus inven­tifs. Pour la petite anec­dote, je me sou­viens de ces fameux exer­ci­ces à choix mul­ti­ples que l’on fai­sait à l’école élé­men­taire. Sou­vent les dif­férentes propo­si­tions étaient si stu­pides que même sans être un as du français, la bonne réponse s’imposait comme une évi­dence. Ici, c’est tout à fait le con­traire, et vous avez intérêt à lire atten­tive­ment les phras­es si vous ne voulez pas vous far­cir le cadre d’explication que, vous l’aurez com­pris, nous ne cau­tion­nons pas. Qui plus est, la dif­fi­culté est crois­sante au fil des niveaux, et finale­ment en un peu plus d’une heure de jeu – durée totale de ce pre­mier volet –, on a le temps de faire le tour des dif­férents acquis de niveau CE2-CM1.

En revanche, pour un jeu édu­catif qui prône la bonne orthographe et le bon usage de la langue française, il y a quelques points qui ne vont pas notam­ment le respect de la typogra­phie. Les guillemets util­isés tout le long du jeu sont des dou­bles apos­tro­phes “” et non des guillemets français « ». Vous trou­vez que je pinaille ? Idem pour la règle des espaces avant les signes dou­bles qui n’est pas tou­jours respec­tée, devant les  « : » majori­taire­ment. Même chose pour les « ? » et les « ! » devant lequel l’espace est par­fois omise… Sans par­ler des majus­cules accen­tuées et des lig­a­tures tout bon­nement absentes – « œuf de drag­on » est orthographié « oeuf de drag­on ». Pour­tant une bonne typogra­phie est indis­so­cia­ble d’une bonne orthographe.

Si, admet­tons-le, la typogra­phie n’est pas la pri­or­ité des élèves de l’école élé­men­taire, il me sem­ble per­ti­nent de la soign­er, ne serait-ce que pour les inviter, dès le plus jeune âge, à y prêter une cer­taine atten­tion. Et je ne pense pas que ce soit tech­nique­ment irréal­is­able, un jeu comme Dis­co Ely­si­um qui, s’il avait d’autres défauts, respec­tait ces quelques règles.

Prof­i­tons égale­ment de ce para­graphe con­sacré à la cri­tique con­struc­tive pour abor­der le style. Si, dans l’ensemble, un cer­tain effort a été fait quant à la con­struc­tion des phras­es, dans un ou deux pas­sages, la con­cor­dance des temps reste dis­cutable sans oubli­er de men­tion­ner les angli­cismes. Je pense surtout à la phrase « Ramia, souf­frant d’amnésie, cul­pa­bilise et a du mal à réalis­er tous les mal­heurs qu’elle a causés. » Vous cherchez où est l’anglicisme ? Facile, il s’agit de « réaliser ».

D’accord, per­son­ne ne peut se van­ter de par­ler un français par­fait, mais les enfants auront très vite l’occasion d’intégrer bon nom­bre d’anglicismes dans leur vocab­u­laire sans qu’on n’ait besoin de leur en servir à toutes les sauces.… Pour résumer, un peu plus de dis­ci­pline sur les points cités précédem­ment aurait été bienvenue…

Une des plus belles ani­ma­tion du jeu à mon sens…

Pour con­clure, en pesant le pour et le con­tre, La Forêt de Pago : La Vengeance du Drag­on reste un titre hon­nête et qui a le mérite de con­tribuer à rehauss­er le niveau par­fois « no brain » des jeux édu­cat­ifs. Le sec­ond volet de la série s’annonce par­ti­c­ulière­ment promet­teur et il sem­blerait d’ailleurs – d’après la fiche pro­duit Steam – que les développeurs aient tenu compte de cer­taines cri­tiques quant à la « digesti­tude » des encadrés tout en prenant la peine d’ajouter de nou­veaux élé­ments de game­play. Mais ça, nous aurons l’occasion de le véri­fi­er dans notre prochain test à pro­pos de La Forêt de Pago 2 : Sou­venir de glace.

La Forêt de Pago : La Vengeance du Drag­on a été testé grâce à une clef envoyée par les développeurs.

La forêt de Pago
La Forêt de Pago : La Vengeance du Drag­on : Notre avis
Pour con­clure :
Hon­nête­ment, si vous avez sous la main un enfant qui rechigne à lire scrupuleuse­ment le Bescherelle, La Forêt de Pago : La Vengeance du Drag­on s’impose comme un bon com­pro­mis entre leçon de français et jeu vidéo. Reste à savoir si son côté ludique est suff­isant pour out­repass­er ses quelques faib­less­es face à l’esprit cri­tique des plus jeunes.
Note des lecteurs0 Note
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Les +
Des per­son­nages charis­ma­tiques, adorables et avec un sem­blant d’histoire personnelle.
Un jeu qui pousse à révis­er aus­si bien la con­ju­gai­son que les homo­phones ou encore les auxiliaires.
Des graphismes et des ani­ma­tions soignés.
Une dif­fi­culté crois­sante rel­a­tive­ment pal­pa­ble au fil des niveaux.
Une bande-son plaisante et qui colle 100 % à l’ambiance.
Des répons­es réfléchies et par­fois loin d’être évi­dentes à trou­ver sans lire atten­tive­ment la phrase.
Les -
Le côté puni­tif de devoir refaire tout le niveau si plus de 3 erreurs.
La typogra­phie et la con­struc­tion de cer­taines phras­es auraient pu être plus léchées.
Les leçons de gram­maire et de con­ju­gai­son offertes en fin de chapitre peu digeste pour un enfant de 8 ans – âge à par­tir duquel le jeu est acces­si­ble selon les développeurs.
Un lex­ique per­ti­nent, mais qui mérit­erait d’être implan­té différemment.
Le dou­blage audio des per­son­nages manque cruellement.
Un game­play finale­ment très linéaire – trou­ver la bonne forme ver­bale ou le bon mot par­mi 2 ou 3 propositions.
Pas de fonc­tion pour aller plus vite à la phrase suivante.
Quelques ciné­ma­tiques ou un peu de nar­ra­tion auraient été bienvenues.
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